Nos plus beaux documents autographes
4423 autographes de prestige trouvés
Lettre autographe signée sur les funérailles de Nelson.
SUR LES FUNERAILLES DE NELSON HoratioLettre autographe signée de M. Passaert (?). Lundi 14 janvier 1832 ; 4 pages 1/2 in-4°. Intéressant témoignage sur les obsèques de Nelson en 1805. Il n’a pu assister aux obsèques de Pitt et Fox, mais a vu celles de Nelson, qui furent un magnifique spectacle : « Toutes les villes d’Angleterre et toutes les corporations avaient envoyé des députations, tous les corps de l’armée de terre des détachemens et les regimens entiers des gardes à pied et à cheval précédaient et suivaient la marche ; mais de toute la marine des trois royaumes, il y avait de chaque vaisseau suivant sa force des marins de tous grades depuis le mousse jusqu’au capitaine et tous les officiers supérieurs que leur service ne retenaient pas a leur bord. Le corbillard était remplacé par un char en forme de vaisseau représentant de la manière la plus exacte celui sur lequel l’amiral avait été tué, ayant absolument les mêmes dimensions et le même aspect. Ce vaisseau était traîné par des chevaux cachés dans la quille et aurait semblé se mouvoir et glisser sur la terre comme sur les vagues, si une quantité innombrable de marins ne s’y était attelée. Sur le pont du vaisseau, près du grand mât était un catafalque fort élevé, où le corps était déposé. Mais ce catafalque recouvert de drapeaux semblait servir de lit à l’effigie de l’amiral représentée fidèlement en cire et revêtu de ses habits. Le corps était entouré de tous les marins, mousses, mâtelots, contre-maîtres, pilote, aspirant officiers, sous-officiers de son bord et présens au combat. Tous couverts de crêpe et de lauriers paraissaient bien plus pénétrés de leur douleur que du souvenir de la victoire et c’était chose touchante, même pour un bon Français de chercher sous cette forêt d’étendards dont le vaisseau était pavoisé au milieu de ces ......... si mâles et si consternées cette représentation d’un reste d’homme dont la moitié des membres s’était perdue dans les divers combats où il s’était signalé. En voyant l’exiguïté de l’homme et le peu qu’il lui restait de sa personne on s’étonnait que le boulet qui l’acheva y eut trouvé sa place. Encore survécut-il assez pour jouir de sa victoire et entendre les derniers hourras. » Vient ensuite la description du cortège royal, des familles nobles et notables, de toutes les cours de justice, de la population. « C’est au milieu de cette pompe vraiment triomphale qu’il fut conduit à l’abbaye de Westminster pour y être inhumé auprès des Rois et des grandes célébrités de tous les âges ». Précieux témoignage.
Lettre autographe signée
BRETON AndréLettre autographe signée, adressée à l’attaché culturel de Suisse. Paris, 24 décembre 1947; 1 page in-4°.« Je m’excuse vivement d’avoir tardé à vous répondre, en raison de mon état de santé et d’un certain nombre de dispositions que j’étais obligé de prendre en conséquence. Je voulais être en mesure de vous donner une assurance et jusqu’à ces derniers jours il m’eut fallu rester dans l’évasif. Je suis extrêmement sensible à l’offre que vous voulez bien me faire de votre part de celle de M. l’Ambassadeur. Il va sans dire que je me tiens à votre disposition pour une série de conférences en Suisse au printemps prochain. Je souhaiterais toutefois qu’elles puissent être prévues pour la seconde moitié de mai : force m’est, en effet, de quitter Paris pour trois mois à partir du début de janvier et je désirerais ne me rendre en Suisse qu’après avoir repris contact avec les choses de mon entourage habituel. Il me semblerait, en outre, très désirable qu’une exposition d’oeuvres surréalistes puisse être organisée à Genève ou à Berne : il me semble qu’elle aurait une valeur d’illustration irremplaçable et qu’elle répondrait au désir de bon nombre d’amateurs d’art. Même en mon absence de Paris, je me suis assuré qu’elle pourrait être réalisée en esprit dans les meilleures conditions. »
Ensemble de lettres autographes signées, de manuscrits, de dessins.
DEKOBRA Maurice (Maurice Tessier, dit)Ensemble de lettres autographes signées, de manuscrits, de dessins.— Manuscrit autographe « La Gondole aux chimères ». [1926] ; 12 pages in-4° numérotées 153 à 164. Avec un mot d’envoi autographe avec dessin « Princesse dear, je viens d’accoucher d’une gondole ! Le père et la quille se portent bien. Comment allez-vous là bas ? Je ne vous oublie pas du tout. On joue la Perle de Chicago à Bruxelles. Si vous étiez là, ce serait allé là-bas entre 2 flips. »— Dessin rehaussé au crayons de couleurs représentant un couple enlacé dansant, signé de ses initiales « M.D. »— 3 lettres autographes signées « Serpan », adressées à une jeune femme nommée Sandrina, toutes illustrées de dessins. « Je ne fais que manger des euff’ à la coque depuis que le Sioux m’a sculpté une cuiller serpentesque ! Merci Princesse du grand Canon pour la si charmante pensée. J’espère que Fisco vous enchante avec sa porte d’or et que vous reviendrez sans tatouage. » — « Comment va votre altesse Vénézuelarde » il se propose de manger avec elle. — Lettre autographe signée. 26 février 1920 ; 1 page in-4°. Lettre à un confrère relative à ses droits d’auteurs : « Mais si, comme je le souhaite, Lisons … est un succès et part pour une longue carrière, je ne peux pas m’engager à vous réserver des romans inédits au prix immuable de 4000 francs. Je pense que nous serons d’accord sur ces changements de détail. Si oui, vous pouvez faire établir le contrat sur papier timbré. »
Pièce signée
BERRY Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse dePièce signée « Marie Caroline », adressée au comte de Rochelines, chef de bataillon d’artillerie. Massa, 18 août 1831 ; 1 page in-4°, restaurée aux plis.La duchesse de Berry en chef de guerre, prépare l’insurrection royaliste dans l’Ouest de la France. « Monsieur le Comte de Rochelines partira pour la Catalogne où sont plusieurs émigrés français et tachera de les réunir afin d’en former un corps qui puisse agir quand j’en donnerai l’ordre. Il m’enverra les noms et les grades de ces hommes, ainsi que des notes sur leur capacité. Il verra le comte d’Espagne à qui je l’ai recommandé et ne fera rien sans son autorisation. Il rendra compte de ses opérations au maréchal de camp Marquis de Podenas, qui est en mission à Madrid, et qui plus tard doit prendre le commandement des forces réunies sur la frontière d’Espagne. »
Lettre autographe signée
MASSINE LéonideLettre autographe signée, adressée à M. Ballot. Prince’s Theatre, London, 14 juin 1927 ; 3 pages 1/4 in-4°.« Je vous envoie le bulletin de la répartition pour le ballet Les Fâcheux signé par les trois auteurs. […] Jusqu’à maintenant Les Fâcheux ont été donnés trois fois à Monte Carlo et trois fois à Paris, au Sarah Bernhardt. En ce qui me concerne, Les Pas d’Acier suivant la conversation que moi et Monsieur Prokofieff ont eu avec vous le 10 juin, j’avais demandé à M. Diaghilew d’être l’arbitre dans cette question. J’ai parlé au peintre Jakouloff, un des auteurs du livret, et nous sommes tombés d’accord pour la répartition suivante :Prokofieff 40 /°°Jakouloff 30 /°°Massine 30 /°°Mons. Diaghilew trouve cela acceptable pour tous les trois auteurs et si nécessaire, je puis le demander de l’affirmer par écrit.Depuis la conversation chez vous, je n’ai plus revu Prokofieff, qui devait venir me voir la veille de notre départ de Paris, pour terminer cette question. Je vais lui écrire tout de suite pour lui proposer cet arrangement, que M. Diaghilew trouve juste, et, j’espère bien qu’il l’acceptera. Si par contre il avait essayé de déclarer Les Pas d’Acier sans la participation du chorégraphe, je vous serais très reconnaissant, si vous pouvez défendre mes droits, comme vous l’avez fait pour toutes mes autres œuvres.»Peintre arménien de culture russe, Georges Yakoulov est d’abord connu pour ses décors et ses costumes de théâtre et de ballets : Diaghilev l’invite en 1927 à Paris pour Le Pas d’acier de Prokofiev. Comme beaucoup de ses collègues, il s’y consacre exclusivement au sortir de la révolution d’Octobre de 1917, année où il est invité avec Rodtchenko et Tatline à agencer le Café Pittoresque.
Lettre autographe signée
BAKST Léon (Lev Samoïlevitch, Rosenberg, dit)Lettre autographe signée [adressée au comte Robert de Montesquiou]. « Ce mardi » ; 1 page 1/2 in-12. « Madame Rubinstein m’apprend que vous avez bien voulu m’écrire deux lettres sur l’adresse de l’hotel Byron; mais ces deux lettres ne me sont pas parvenues, car je n’ai jamais mis le pied à mon atelier, ayant pris un autre, rue Falguière ! Je suis désolé qu’elles soient égarées et surtout qu’à plusieurs reprises je demandais à Reynaldo Hahn ou vous êtes et ou vous passez l’été. Il me disait que vous êtes à la campagne et que vous reviendriez l’automne. Je suis heureux de savoir que vous avez pensé à moi », etc.
Lettre autographe signée
MATISSE Henri ÉmileLettre autographe signée, adressée à M. Pottier. 29 novembre 1915 ; 1 page in-8°. « Ci-inclus le certificat d’origine des 15 eaux fortes à 100 F pièce que je vous prie d’envoyer par le prochain bateau à Madame S.D […]. Je paie le port. »
Lettre autographe signée
MICHEL LouiseLettre autographe signée, [adressée à François Odysse Barot]. 27 décembre 1885 ; 2 pages 1/4 in-8° sur papier de deuil. Très belle lettre sur l’édition du premier tome de ses Mémoires.« Vous n’avez pas encore compris que ce qui m’avait tourmentée ce n’est pas qui s’est placé au milieu des épreuves afin d’être édité pour le 1er janvier au lieu d’après avec la fripouille de lettres comme moi c’est que (vous auriez toujours su que ma lettre avait été écrite à votre intention sans le dire honnêtement face à face) loin d’écouter les conseils de qui que ce soit personne ne m’en donne sachant que je n’écouterais pas c’est un peu ce qui fait bien des mauvaises humeurs contre moi. Je suis si peu de nature obéissante et croyante que […] en dérangeant la forme que j’avais donnée à mes mémoires m’a causé ce supplice d’écrire le reste avec un mortel dégoût. Je ne suis pas assez bête pour travailler avec entrain quand même en mieux on dérange ce qui me plaisait dans l’ensemble. A cela près - il faut bien que tout soit dégoût pour moi. Voici la lettre du petit Dacheut pour que vous voyiez qu’il n’y a qu’une dizaine de frs à lui envoyer. Je vous embrasse tous les quatre et suis bien fâchée de vous causer autant d’ennuis. L. Michel. Renvoyez moi la lettre de mon serin de petit cousin, comme il a tenu à me faire placer, je la garderai. L.M.»François ODYSSE BAROT [Mirebeau, 1830 - Paris, 1907], écrivain, romancier, traducteur et journaliste français. Il avait certainement connu Louise Michel lors des événements de la Commune en qualité de secrétaire de Gustave Flourens.
Manuscrit autographe signé
BARRUCAND VictorManuscrit autographe signé. Cabourg, juillet 1888 ; 95 x 148 mm, plusieurs centaines de pages. « Notes Philosophiques ». Important manuscrit daté de Cabourg, juillet 1888, comportant de nombreuses notes de lectures, des pensées, des poèmes.
Ensemble de lettres autographes signées
BOSQUET Alain (Anatole Bisk, dit)Ensemble de 17 lettres autographes signées, 3 lettres signées et 7 cartes autographes signées, adressées à Hervé Bazin. De 1961 à 1989 ; 20 pages formats divers, parmi lesquelles principalement :— 27 octobre 1961 ; 1 page in-4° avec en-tête « Calmann-Lévy ». Lettre de remerciements : « Vous avez eu des paroles on ne peut plus encourageantes pour Roger Bordier […]. En mon nom personnel et au nom des Éditions, je vous en remercie. »— 26 septembre 1965 ; 1 page in-4°. Présentation de La Confession mexicaine : « J’ai été amené à décrire l’émerveillement d’un jeune Français devant le Mexique, sa splendeur végétale, sa cruauté, ses dieux précolombiens. »— 22 février 1968 ; 1 page in-4°. « Vous m’avez promis de vivre des heures intenses dans l’intimité de votre pensée. J’en ai été exalté. Je sais mieux maintenant combien l’homme est proche de son œuvre, et à quel point son univers écrit correspond à son univers viscéral. »— 29 octobre 1971 ; 1 page in-4°. « Il faut éliminer Miquel et son Fils interrompu : c’est de la merde qui se veut attendrissante et c’est indigne de toi ».— 20 août 1975 ; 1 page 1/4 in-4°. « Te souviens-tu de l’Académie Mallarmé, jadis ? il y avait là Valéry, Gide, Cocteau, Fargue, Vielé-Griffin, Audiberti, Maeterlinck, etc. Elle est morte il y a une quinzaine d’années, avec la disparition de Cocteau et d’Audiberti. […] Quelques poètes ont eu l’idée de la ressusciter. À la fois pour réunir quelques voix intéressantes et aussi pour venir en aide aux jeunes, notamment en donnant un grand prix de l’Académie Mallarmé. »— 14 mars 1980 ; 1 page in-4° : « Il y a 2 ans, j’avais demandé aux éditions Seghers d’écrire sur toi un poète d’aujourd’hui. Il y a 1 an, après mille hésitations, je recevais la réponse dont je te remets une photocopie. C’était l’époque de Ma Mère Russe, et il avait été inopportun, sinon agaçant, de t’en faire part. »— 7 décembre 1980 ; 1 page 1/4 in-4°. Bazin est à l’hôpital Lariboisière et ne peut pas recevoir de visite. « Après le premier choc, j’ai beaucoup réfléchi à ton destin d’homme et d’écrivain. ». Alain Bosquet a relu les romans et poèmes. « Mieux que jamais je mesure la place que tu tiens en notre sensibilité : cette force qui ne rejette pas la révolte, cette permanence qui, de se savoir menacée, en est comme enrichie, cette rage vaincue qui se veut certitude déchirée ».— 22 décembre 1980 ; 1 page in-4°. « Je me dis que dans ta générosité bourrue et dans l’ampleur sévère des grandes mutations psychiques où bien et mal connaissent d’inextricables noces, tu n’as pas ton pareil. »— Poème dactylographié. « Fragment d’une cosmogonie pour les 70 ans d’Hervé Bazin ». Avril 1981 ; 3 pages in-4°. Sont joints 2 brouillons autographes de Bazin sur la définition de la poésie (2 pages in-4°).Ensemble intéressant.
Lettre autographe signée
CAPOTE TrumanLettre autographe signée, adressée à son cousin John Faulk. Sans date ; 2 pages in-8° sur papier jaune, enveloppe jointe. « Forgive me not replying sooner but I have been in Calif. I talked to my tax lawyer about your matter, and there is no way I can do it unless I can write it off as a tax deduction otherwise it would cost me $8,000 to give you $1,000 — because I have to give the government 80c out of every dollar I earn (isn’t that outrageous !) […] will see if I can get a tax write off […] affectionate wishes […] Truman. »
Lettre signée
CHAR RenéLettre signée, adressée à A. Rolland de Renéville. L’Isle sur la Sorgue, 19 juillet 1945 ; 1 page in-4°.Magnifique lettre sur son approche du Surréalisme.« Je lis dans la NEF les lignes que vous voulez bien consacrer à “Seuls Demeurent”. Puisque vous trouvez de l’intérêt à ce livre je serai contrarié que cet intérêt rencontra d’emblée son erreur dans le fait que l’oxygène qui le nourrit n’est pas perçu par vous correctement. je ne sais pas, en ce qui me concerne ce que tend à signifier “être fidèle à la doctrine surréaliste”. “Être surréaliste”, lorsque je le suis “devenu”, cela voulait dire que je me joignais à des hommes dont le comportement révolutionnaire (humain) en face de la vie se rapprochait le plus du mien. Je n’ai pas eu à le regretter, (tout en gardant la tête froide et en sauvant le peu de lucidité que la nature m’a accordé.)J’écris “face à la vie” et non “par rapport à la littérature” où de nombreuses divergences de vue nous séparèrent, sans altérer notre amitié, les surréalistes d’alors et moi, en particulier sur la question de l’écriture automatique que je juge une frivolité sans portée. Aucun de mes poèmes ne fut écrit sous ce signe et si vous avez lu “Partage formel”, avec un peu de chance, j’espère m’être fait comprendre. Cela valait déjà du temps d’Artine ».
Pièce signée
COLETTE (Sidonie Gabrielle Colette, dite)Pièce signée. Paris, 7 décembre 1945 ; 2 pages 1/2 in-4°. Contrat signé entre Colette et Le Fleuron . « Mme Colette confère à la société Le Fleuron qui l’accepte et ce, dans les termes des lois actuelles et futures tant françaises qu’étrangères et des conventions internationales, le droit exclusif d’imprimer, de publier et de vendre la totalité de sa production actuelle et future dans une édition à tirage limité sous forme d’œuvres complètes ». Rare.
autoportrait
DABIT Eugène« L’Hôtel du nord ». Paris, Robert Denoël, 29 novembre 1930 ; in-12 demi-maroquin vert de l’époque, dos à quatre nerfs, tête dorée, couverture et dos. Édition originale du chef-d’œuvre d’Eugène Dabit, romancier de la vie populaire et peintre. Envoi autographe avec dessin original à la plume couvrant une page de garde : « À Monsieur G. de Pawlowski : tant de choses vous intéressent. Peut-être encore ces personnages, ce canal St-Martin, cet hôtel... Je le souhaite. E. Dabit, janv. 1930 ». Le dessin est un autoportrait de l’auteur. On doit à Pawlowski, journaliste et écrivain, le Voyage au pays de la quatrième dimension.
Manuscrit autographe
SUARÈS AndréManuscrit autographe intitulé « Sur la Vie — simplesse des Barbares ». Sans date ; 5 pages in-8°. « Une moyenne entre les intérêts et le code de l’habitude. C’est toute la morale. Mais il ne s’agit que de ce qui nous intéresse, et c’est nos habitudes qu’il ne faut pas troubler. Tout ce qui nous étonne nous offense. Il y a du crime en ce qui nous effraie : le loup n’est pas un bon loup, qui, dans les bois, quand on a découplé la meute […]. Quand un misérable, ne sachant où donner de l’estomac, entre au Louvre et y crève une toile, tout le monde s’indigne : tout le monde ? Cela fait bien un millier de gens, car on ne compte pas les journalistes. Le reste des hommes n’en prend point le deuil, n’en a pas le plus petit souci. Et même au temps de Delacroix, ses amis eussent ri que le vagabond déchirât une toile d’Ingres ; et les amis d’Ingres eussent peut-être engagé un gueux pour crever un Delacroix. […] Notre art nous est cher comme la fleur de notre âme et de notre amour, sur la tige des siècles. Celui qui comprend une cathédrale et qui l’aime, peu s’en faut, tandis qu’il y est, qu’il ne soit catholique. […] Je veux du pain ! Voilà le mot du ventre, que ceux qui n’ont jamais faim ne peuvent jamais entendre, pas plus que les esclaves n’entendent le soupir de l’artiste : je veux du rêve, je veux une œuvre belle. »