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Arts & Autographes

Réf : 27643 PEINTURE BEAUX ARTS

350 €

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EHRMANN François-Émile [Strasbourg, 1833 - Paris, 1910], peintre et décorateur français.

Lettre autographe signée

Lettre écrite et signée de sa main, 3 pages in-8°, en-tête à ses initiales à sec, Paris, 21 septembre 1874, à Léopold FLAMENG ([Bruxelles, 1831 - Paris, 1911], peintre et graveur français). « Vous êtes le plus délicat des dépositaires et j’ai à vous remercier encore du luxe de précautions dont vous avez enveloppé mes fameux papiers. Je les trouve si bien gardés que je les laisse dans votre caisse que je me contente de surveiller à travers le plancher. Dormez donc sur les deux oreilles et faites-moi savoir comment coule la vie sur le sable de Dinard que je n’aurai pas l’impertinence de comparer au modeste et raboteux galet de Vendée. Entre nous je vous ai traité de bonaparteux tant je voudrais y être mais aussi vous savez que ma femme à peine arrivée s’est mise au lit me laissant tous les délices des déballages. Comme je voudrais à la fois cartonner, plafonner, graver, voir les expositions, déballer, écrire aux amis, et les aller voir, je ne fais rien si ce n’est un peu de mauvais sang à vous envier le plus bassement possible, ça n’empêche pas le monde d’aller. Madame Léovillé nous a donné une locataire de plus, il y a huit jours et n’en s’en porte pas plus mal, au dire de Virginie. Un autre locataire, celui-là payant, occupe l’atelier avec logement qui chôme depuis si longtemps. C’est Benner [Jean BENNER [Mulhouse, 1836 - Paris, 1906], peintre français] un Alsacien qui a épousé une femme de Capri, camarade de Benner pendant de longues années sans en avoir pris les goûts, ni le talent hélas ! Au reste un très bon et digne garçon que je vous présente à distance en attendant que vous l’admettiez à contempler votre burin face à face. Je n’en serai pas fâché non plus, et si je n’en dis pas plus long là-dessus, c’est par pure délicatesse. Vous êtes si complaisant que vous seriez capable d’avancer votre retour d’une huitaine et je ne veux pas de ce sacrifice ! C’est égal je serai content de vous voir arriver. J’ai des Prussiens dans l’œil. Je les avais rencontré 3 semaines durant, il se passe là-bas des choses abominables et il faut tout avaler sans grimace, à la longue ça gâte l’estomac. Ce que c’est que les contrastes, sortant de là, je nous trouve heureux avec le Maréchal [Mac Mahon], et tout Versailles. Mais je crois que cette impression aussi ne dure pas au-delà de quelques jours surtout à Paris. Je chanterais tout autrement à Dinard. Par charité envoyez-moi donc deux mots de là-bas, c’est la seule fin du griffonnage que vous voyez, faute de quoi d’ici à huit jours je vous parle du Rubens La Caze [tableau de Rubens de la collection La Caze] et du portrait de Madame Machin… à vous faire crier merci. Veuillez présenter à Madame Flameng mes amitiés bien respectueuses. Je vous serre la patte ainsi qu’à François [François Flameng, le fils de son correspondant, également peintre] bien cordialement. Votre affectionné. F. Ehrmann. »