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Arts & Autographes

Réf : 27944 LITTERATURE

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FARRÈRE Claude (Frédéric-Charles Bargone, dit) [Lyon, 1876 - Paris, 1957], écrivain français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée à M. Vecchini. Nice, 23 janvier 1951; 4 pages in-4°, enveloppe timbrée jointe. Superbe lettre sur le roman de Pierre Benoit, Les Agriates : « Je suis très gravement malade, mais je serais mourant que je répondrais à la lettre d’un homme tel que vous. Ce que je pense des Agriates ? D’abord que c’est un chef-d’œuvre. Rarement Pierre Benoit a écrit un roman plus exaltant. Si j’avais cependant une critique, je ne me placerais qu’au point de vue corse. Vous savez que je suis Corse. C’est pourquoi je n’estime pas qu’un Corse mortellement offensé, mais ne sachant pas par qui, voudra jamais éparpiller sa vengeance sur trois coupables possibles, mais improbables. On ne se venge bien que d’un ennemi dont on est assuré qu’il l’est. Dans le cas du héros de Pierre, je crois qu’avant de recourir à la cause froide ou à la balle chaude, l’admirable Ald’Auton aurait d’abord dû réfléchir. Il a une femme de 27 ans. Qui cette jeune peut-elle choisir pour amant ? À n’en pas douter, pas un homme de beaucoup son aîné. Ce sont les petites filles qui se toquent d’un galant à cheveux blancs. […] Le continental est en Corse depuis trop peu de temps. La dame a beau être de Lucques, elle n’a rien d’une catin. Elle ne se sera pas jetée aux bras d’un inconnu ou presque. Reste l’amateur de yachting. C’est le moins impossible. Avec sa prodigieuse maîtrise, P.B. s’est gardé de nous faire assister à la scène de provocation. Elle serait d’une effarante difficulté. Il me semble invraisemblable que l’amant supposé ne puisse pas trouver une preuve de son innocence, à s’étaler sous les yeux de l’époux indécis. […] Tout ça est de la logique pure. Je n’en serai pas moins désolé que Pierre ne s’y fût point conformé. Nous aurions perdu une, deux, trois scènes magnifiques. […] Mais je répète que mes critiques corses n’entachent en rien la splendeur du plus beau récit corse que je sache depuis Colomba. »