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Arts & Autographes

Réf : 30059 HISTOIRE

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LAS CASES Emmanuel, comte de [Las Cases, Haute-Garonne, 1766 - Passy-sur-Seine, 1842], chambellan, auteur du mémorial de Sainte-Hélène.

Lettre autographe signée, adressée à Hudson Lowe

Lettre autographe signée, adressée à Hudson Lowe. 20 décembre 1816 ; 3 pages 1/2 in-folio. « J’ai l’honneur de vous adresser ma lettre au Cte Bertrand, relative à l’offre verbale que vous avez bien voulu me faire de retourner à Longwood. Si dans ma lettre du 18 janvier l’honneur de vous mander que j’attendrais pour lui escrire votre première visite ; c’est que ma facilité en affaires me portait à vous montrer d’avance les brouillons de ces lettres afin de prévenir toute difficulté ultérieure de votre part. Je vous l’envoye aujourd’hui parce que je me trouve pressé par la lettre que je reçois de vous en cet instant. J’ai l’honneur de vous accuser réception de cette lettre du 20 ainsi que de votre décision du même jour, relative à ma déportation au Cap. Je vous prie, Mr le Gouverneur, de vouloir bien aussi m’accuser réception, ne fut-ce que pour la forme, de mes lettres du 30 9bre, du 2, 4 et 18 Xbre demeurées sans réponse jusqu’à ce jour et dans lesquelles je me retirais de ma sujétion volontaire ; je vous sommais (autant que la circonstance l’admettait) de me rendre à la liberté ; je protestais contre la séparation de mes papiers ; je vous ferais connaître l’état déplorable de la santé de mon fils et de la mienne, vous demandant d’être envoyé immédiatement en Angleterre soit pour y être jugé s’il y avait lieu, soit pour y trouver les secours de la médecine, vous offrant d’avance toutes les suretés qui pourraient équivaloir à la quarantaine du Cap et vous observant qu’ici et dans un cas aussi particulier, je voulais que la lettre de vos instructions put vous mettre à l’abri de leur esprit invoqué par la supériorité des lois de S.R. Dès que vous m’auriez mis à même, Monsieur, de connaître le désir de Longwood, je m’empresserai de vous faire parvenir mon choix comme aussi mes observations sur votre décision à mon égard. Une chose m’y a frappé en la parcourant des yeux : c’est que quelqu’un dont la délicatesse s’est trouvée heurtée par l’expression furtive et qui a rencontré une personne aussi empressée à l’effrayer, n’ait pas été plus ménagé dans le choix du mot seducing si faussement appliqué dans votre décision. N’importe, cette circonstance ou tout autre ne sauraient me faire repentir jamais d’avoir suivi l’impulsion de mon cœur vis-à-vis de qui ce soit. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble serviteur. Le Cte de Las Cases. P.S. Oserai-je vous demander encore, si vous persistez toujours au changement de demeure dont vous m’avez si souvent parlé. Outre l’inconvénient que j’ai eu l’honneur de vous mentionner et que vous me dites avoir si bien saisi vous-même, il est encore l’état de mon malheureux enfant dont les progrès alarmants et journaliers demanderaient des soins suivis. Vous m’avez dit que notre nouvel endroit serait plus sur la route des secours. Nous en sommes ici tellement éloignés que nous ne pouvons être que très mal. Une autre chose (vraiment je suis trop malheureux) c’est que mon fils insensiblement ne peut plus écrire. Je n’y vois pas et vous jugerez que je ne saurais écrire moi-même Ne me serait-il pas possible d’obtenir sous peu de jours un copiste. J’ai tracé quelque chose touchant des objets relatés dans nos conversations. Je ne puis vous l’envoyer faute de pouvoir le faire retranscrire. Pourtant cela pourrait vous être utile et me rendrai heureux si je pouvais par là devenir l’instrument de quelqu’amelioration. »