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Arts & Autographes

Réf : 31180 LITTERATURE

300 €

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BERL Emmanuel [Le Vésinet, 1892 - Paris, 1976], journaliste, historien et romancier français.

Ensemble d’une lettre autographe signée et d’un manuscrit autographe sur Colette :

Ensemble d’une lettre autographe signée et un manuscrit autographe sur Colette : — 22 novembre 1972 ; 2 pages in-4° avec enveloppe jointe [à Mme Ginette Guitard] : « Très touché et embarrassé par votre lettre, j’hésite à y répondre. Pardonnez-moi le retard. Je n’ose pas écrire mon amie Colette “je l’aimais beaucoup, elle a été très bienveillante et bonne pour moi. L’amitié implique une égalité à laquelle je n’ai jamais osé prétendre. “Un” très Chère voisine vaudrait mieux. Pour la radio, je suis à votre entière disposition. Venez avec un micro, le jour à l’heure que vous voudrez — le mieux étant l’après-midi. […] Je pourrai vous parler de Colette, collaboratrice et Marianne et la Treille Muscate et de Palais-Royal. C’était un grand écrivain & un grand personnage. Je ne me jucherai pas sur sa tombe. » — Manuscrit autographe. 3 pages in-8°. Beau manuscrit sur Colette : « J’ai eu pour Colette beaucoup d’admiration et beaucoup de tendresse. […] Elle a eu pour moi et de la bienveillance et de la bonté. Quelque chose néanmoins... Quand on me dit: votre amie, en parlant de Colette. L’amitié implique, il me semble une certaine égalité qui ne pouvait être entre elle & moi. Non seulement à cause de la différence d’âge […] mais parce que Colette était réellement d’une espèce différente de mois & des autres, à un stade plus avancé de l’évolution.[…] Quand ses regards se posaient sur une fleur, sur un paysage, sur la mer, ils y laissaient une trace que je n’imaginais percevoir — et qui les changeaient […]. Et son esprit était toujours en travail afin de trouver les mots qui leur répondent. Je me le rappelle, méditant ainsi, devant un pan de mur & finissant par dire “C’est blanc foncé”. On ne pouvait prévoir ce qui allait lui déplaire ou la charmer. Personne n’était plus modeste. Elle répétait constamment que, si elle avait été riche, elle n’aurait pas écrit. Et personne toutefois n’avait une conscience plus juste de ce qu’elle était. Quand j’entrepris le journal Marianne, je l’invitai à déjeuner pour lui demander sa collaboration; je lui dis : “après tout, vous êtes le meilleur écrivain français. Tranquillement, elle me répondit : “ c’est probable”. Elle estimait toutefois que le dernier des poètes passait avant le premier des prosateurs ; parfait M. Francis James avec humilité et respectait l’ambition sinon la réussite des poètes qui n’ont pas touché la cible qu’ils visaient.[…]Je ne me jucherai pas sur le cercueil de Colette, pour prendre des poses avantageuses. Elle aimait le silence & sa mémoire doit inspirer d’abord le respect. »