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Arts & Autographes

Réf : 31208 LITTERATURE

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GREEN Julien [Paris, 1900 - id., 1998], romancier français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée à un père. 13 juin 1946 ; 2 pages in-4°. « J’ai été très touché de la lettre que vous m’avez écrite et de tout ce que vous me dites du roman, et surtout de ce que vous dites du prêtre et du rôle de prêtre. Peut-être aurai-je un jour le grand plaisir de vous voir à Elioles et nous pourrons alors, si vous le voulez bien, nous entretenir de ces choses si importantes et dont il me semble qu’on parle si peu ici (je pense surtout aux problèmes du romancier). De plus en plus, je me méfie du roman, de tout ce qu’il remue de trouble et e suspect. Parfois des semaines se passent sans que je me sente capable d’ajouter une ligne au livre qui m’occupe en ce moment, et j’en ai écrit un, en 1937 et 38 que je n’ai jamais pu me résoudre à faire imprimer. « Purifiez la source » dit Mauriac. Ce n’est pas si simple. Il entre, en effet beaucoup de raison dans la composition d’un roman, et je ne vois pas très bien comment l’auteur peut se défendre lui-même d’une contamination presque inévitable (Et que dire de ses lecteurs ? Nicole, je crois, a écrit là-dessus quelques phrases assez inquiétantes. Je sais bien que ce n’est pas là une référence d’une valeur indiscutable, mais je crains malgré tout que ce janséniste n’ait raison). Pourtant, il faut bien faire son oeuvre. Nous y sommes tenus. C’est même notre façon à nous romanciers e rendre gloire à celui qui nous a confiés ces petits dons d’écrivains dont nous abusons, parfois, si étrangement. Mais j’ai l’impression, souvent d’avancer dans la nuit. J’ai essayé de dire cela dans mon journal que je vous enverrai. Sans doute ne devrait-on pas parler de soi comme je l’ai fait dans ce livre, mais si je publie ces pages, c’est avec l’idée qu’elles pourront servir à ceux qui, comme moi, cherchent à voir clair. Si elles pouvaient atteindre une personne seulement et l’empêcher de désespérer, ce serait déjà beaucoup. Je voulais passer quelques jours à Elioles, ce printemps. J’en avais même parlé au R.P. Carré que vous connaissez sans doute et qui est de si bon conseil , mais la publication de mon livre m’a empêché e quitter Paris et je suis maintenant plongé jusqu’au cou dans des difficultés d’un autre ordre que vous avez le bonheur de ne pas connaître. »