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Arts & Autographes

Réf : 32719 LITTERATURE

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COPEAU Jacques [Paris, 1879 - Beaune, 1949], comédien et metteur en scène français.

Ensemble de 3 lettres autographes signées

Ensemble de 3 lettres autographes signées [adressées à Lucien Dubech]. 1923-1930 ; 4 pages -4°. 1923 : « Je pars ce soir pour Zurich. Je reviens mercredi soir. Tâchons de dîner ensemble bientôt. J’aime vous voir, mon cher Dubech, parce que vous êtes un honnête homme. Voyez-vous j’aurais voulu pouvoir être à fond avec l’A.F. Ça aurait pu arriver mais il n’y a pas moyen. Je ne prends plus Daudet au sérieux »… 18 juin 1930 : « Il n’y a plus rien à attendre des suites de la campagne à laquelle vous avez pris part si vaillamment. Moi j’avais la naïveté de croire ce qu’on me disait. Je suis informé maintenant que ce qu’on me disait n’était rien de réel. […] Je vous remercie de parler toujours si amicalement de moi sous votre double signature. […] Dites moi ce qu’on peut faire contre cette diminution de l’esprit de défense et de l’esprit tout court dont parlait hier Maurras ? […] Je ne suis pas un fainéant. Il y a un an quand on m’a parlé de donner cette maison perdue, j’ai dit : présent. On me répond que je vais à la messe et que j’ai rêvé de faire fortune au Vieux-Colombier. On me répond aussi que le théâtre national ne va pas si mal que ça, et que d’ailleurs il peut bien croire qu’on s’en fout. Alors ? »… 24 décembre sur papier à en-tête « Le Vieux Colombier » : « Je ne devrais pas laisser votre article sans une longue réponse. Mais je n’ai pas le temps. Je suis déjà au travail sur autre chose. Votre réaction ne me surprend pas extrêmement J’aime que votre esprit ait cette liberté de se retourner aussi vivement. Mais il se retourne un peu trop tout d’une pièce, je crois. Il y a de l’humeur là-dedans. Cette pièce vous a inspiré de la répugnance. Vous vous en êtes détourné. C’est bien. […] Mais du même coup vous vous condamnez à être injuste. Vous laissez tomber la plupart des éléments qui vous permettraient de juger la pièce. Influence nordique, réalisme, tranche de vie, oeuvre statique... tout cela est bientôt dit, et je crois que rien de cela n’est tout à fait vrai. Comme nos jeunes gens vous tenez pour résolu une foule de problèmes qui, à mes yeux, ne le sont pas si franchement, si définitivement. J’espère bien que nous aurons l’occasion de reparler de tout cela. Ce que je regrette c’est que vous ayez l’air, dans cet article, de déclarer que tout est perdu, de regretter d’avoir été dupe, d’avouer que cet homme là n’est pas celui que vous aviez cru, et de lui dire adieu. Je m’attristerais beaucoup si je ne saurais que toutes ces impressions sont provisoires, qu’il y aura de l’éclaircissement, si je n’avais conscience de ne m’être nullement nié moi-même. Vais-je vous irriter en vous priant d’attendre encore ? C’est pourtant sur ce mot que je vous quitte, avec confiance en vous assurant, mon cher Dubech de mes fidèles sentiments. Jacques Copeau. »