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Arts & Autographes

Réf : 32738 LITTERATURE

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FABRE Lucien [Pampelonne, 1889 - Paris, 1952], industriel et écrivain français.

Ensemble de 3 lettres autographes signées

Ensemble de 3 lettres autographes signées [adressées à Lucien Dubech]. 1925-1934 ; 5 pages in-4° ou in-8°. 5 février 1925 : « Je viens de relire vos trois nouvelles, mais j’hésite encore à vous en parler car j’ai surtout du bien à vous en dire, j’ai, par suite, peur de passer à vos yeux pour un inutile. […] Vivacité du ton […]. Je ne puis mieux louer ces deux qualités qu’en me rappelant qu’à travers elles perce l’auteur, et que c’est pour son caractère et que c’est pour son caractère que je suis son ami, avant tout autre considération d’estime littéraire. Ardeur de la satire et valeur de celle-ci. À ce point de vue là, vos nouvelles sont uniques par la justesse et la proportionnalisation des moyens, par le timbre de la voix qui raconte l’histoire, par tout ce qu’il y a de rationnel, et je veux dire, de cartésien dans tout cela. Intérêt de l’histoire. Vous avez sans peine réalisé ce que tant de conteurs et de romanciers ratent après avoir longuement besogné, et qui est pourtant l’essentiel de toute histoire, quoiqu’en disent les gardiens du savoir qu’on ait envie de tourner la page pour lire la suite. […] Ne vous ferais-je pas de reproches ? Si. D’abord un manque d’individualisation. Vos personnages n’ont pas, à mon avis, leur tiers. On ne les voit pas assez. Votre chartiste, je vois seulement qu’il a des favoris et le torse étroit. Quoiqu’on en dise, dans un conte, il faut voir le héros, au physique […]. Deuxième reproche. Disproportions des parties. dans cette dernière nouvelle le véritable sujet tient la même partie, plus encore dans l’esprit du lecteur que par le nombre de lignes. Troisième. L’atmosphère est inégalement répartie. Tantôt excessivement détaillée, tantôt manquante. […] Mille excuse de ce topo qui n’est qu’un tissu d’impressions. Toutes peuvent être absurdes mais, que je vous envoie parce qu’elles valent en toute simplicité et affection. » Bucarest, 3 juin 1929 : « Je crois, carissime, que nous serions des épistoliers si nous le pouvions entre nous : l’esprit, la culture, la confiance et l’affection mutuelles ne nous manquent pas. Et comme dirait Valéry, “la bêtise n’est pas notre fort”. Mais les loisirs, nous manquent et les destins nous sont contraires. Ainsi me serais-je privé des moments qui eussent peut-être été les meilleurs de ma vie : ceux de lire de vous des lignes écrites uniquement pour moi. […] Je vous envoie un essai sur le Rire et les Rieurs qui est le fruit, sinon du génie, du moins d’une longue et amoureuse patience. Faites-moi la grâce de le juger et de m’en parler. La récompense d’un tel effort n’est que dans l’adhésion de nos pairs. Je l’envoie aussi à Maurras et à Daudet »… 12 octobre 1934 : « Je viens de rentrer à Paris et la N.R.F. me communique vos deux articles. Avec quelle émotion, quelle reconnaissance je les ai lus ! À travers le temps, l’Espace, les tribulations, e je vous retrouve le même pour moi et j’en serais plus surpris, tant de belles choses sont rares. Si je ne me sentais à mon côté exactement le même pour vous. Mais j’ai de la chance car, chaque semaine, je puis vous lire et vous lisant, je vous vois, je vous entends, je revis nos entretiens d’autrefois, rien de changé en vous ! »…