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Arts & Autographes

Réf : 32910 PEINTURE BEAUX ARTS

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GRANDVILLE J.J (Jean-Ignace-Isidore Gérard, dit) [Nancy, 1803 - Vanves, 1847], caricaturiste français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée à son frère Hippolyte Gérard-Grandville. Paris, 29 août 1842; 3 pages in-12, adresse sur le 4e feuillet. Émouvante lettre, un mois après la mort de sa femme Henriette, le 27 juillet 1842, dans laquelle il laisse éclater son désarroi. « Je ne veux pas que tu sois le seul auquel je n’ai pas écrit et malgré la lassitude que j’éprouve d’avoir tant couvert de papier (voir les lettres adressées à Minette), il faut que je fasse encore un petit effort pour te répondre en me piquant de plus de justice que l’évangile qui d’après une de ses maximes m’autoriserait à te renvoyer le dernier, toi qui t’es empressé de m’écrire, je crois le premier. […] J’en suis toujours au 27 juillet... Vers ce moment tu me disais avoir hésité à m’écrire et cependant ta lettre m’a fait un grand bien, elle m’a fait pleurer et comprendre l’étendue de ma perte. Je n’avais jusque-là senti que la violence du coup. Depuis, j’ai bien des fois mesuré cette étendue et elle m’a parue chaque fois s’accroître. Je ne saurais te dire sous combien de faces et de formes diverses se présente cette douleur qui au fond est toujours un malheur sans remède pour lequel il n’y a pas de consolations à attendre et à espérer ni à désirer même. Parmi toutes les personnes qui ont remis ce soin entre les mains disons toutes puissantes du temps, une seule a tenté de faire un appel à mon amour propre, de me parler de gloire, de succès, de réputation, sans doute, par ignorance de ce que je suis ; l’ambition chez moi n’a jamais été assez égoïste pour que je n’aie pas trouvé et cherché dans le cours de mes petits succès à en étendre le bénéfice sur ceux qui m’étaient chers et sur celle qui surtout autre en jouissait plus pleinement. Il me semble qu’on aime la gloire, voire le succès, pour ceux avec lesquels on vit. Quand on les perd, le succès ou la gloire est un vêtement qui ne sert plus, qui gêne. Oui j’étais heureux dans mes réussites à cause du plaisir que cela donnait à Henriette, à cause de son amour propre que cela satisfaisait, bien qu’elle ne s’exagérât jamais la valeur de ces satisfactions d’amour propre. Aujourd’hui il ne me reste donc plus à envisager la réputation que sous le point de vue du gain et c’est une chose plus vide encore que la gloriole et en tout cas bien plate. […] Voici mon éditeur qui entre et s’étonne du peu de dessins que je lui ai faits. […] Il n’y aurait véritablement pour moi que deux choses à faire actuellement à savoir vivre au jour le jour sans penser sans me souvenir surtout sans espérer et, la 2eme, me cuirasser d’indifférence pour tous les malheurs, les accidents et événements à venir, mais la 1ère de ces deux choses est contraire à ma nature, à mon cœur. »