Dans notre dernier catalogue, nous vous annoncions la vente de la correspondance de Colette à Claude Chauvière, sa secrétaire et amie intime pendant 17 ans. Claude Chauvière, [Paris, 1885 – La Seyne-sur-Mer, 1939], femme de lettres de langue française, auteur de romans sentimentaux. Secrétaire de Colette à partir de 1923, elle a écrit un essai sur cette dernière.
Voici la suite de la correspondance que nous détaillons ici :
28273 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Saint-Tropez, 30 décembre] ; 1/2 page in-4°, enveloppe timbrée jointe. « Petite, j’arrive. Envoie-moi vite ton manuscrit. Je t’embrasse. Colette de Jouvenel. » 175 €
28274 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. Sans date [vers 1931] ; 2 pages in-4°, enveloppe timbrée jointe. « Ta lettre écrite à l’encre, me fait bien plaisir, mon petit Claude. Évidemment ton moral ne m’a pas l’air encore d’étinceler, et toute ta lettre ne sue pas la joie animale. Mais il faut le temps de remettre d’aplomb un petit corps épuisé. Veux-tu ma maison de St Tropez , quand tu pourras quitter Paris ? Je t’y garderai Louise qui fait une cuisine provençale à réveiller un convalescent. Tu y aurais mes charmants voisins, le sable, les figues d’arrière-saison que je ne verrai pas mûres sur mes figuiers. Penses-y. Je pars pour le marché, il est tôt, j’ai déjà lavé au lavoir du jardin… Que n’es-tu là ! Je t’embrasse bien tendrement, et Maurice t’entoure d’une affection de bon compagnon qu’il est. Colette. » 315 €
28275 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Paris, 25 octobre 1931] ; 1 page in-4°, enveloppe timbrée jointe. « Eh bien, viens, petit Claude ! Je reviens de Cahors, je m’embarque le 5 avril pour Tunis. Viens tu déjeuner vendredi, ou lundi ? Je t’embrasse de tout coœur, mon petit Claude, Colette. » 210 €
28276 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. Paris, 11 mai 1932 ; 1 page in-8° sur papier à en-tête de l’Hôtel Claridge, enveloppe timbrée jointe.« Mon petit Claude, Renvoie-moi vite l’adresse du Révérend Père. Pauline me l’a donnée et je l’ai perdue. Il fait noir et serré. Étrange époque. Je t’embrasse, mon petit Claude. Ne reste pas longtemps sans écrire à ta vieille amie. Colette. » 210 €
28277 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. 12 août 1932 ; 2 pages 1/2 in-4° sur papier gris-bleu, enveloppe timbrée de Saint-Tropez jointe. Très belle lettre : « Petit Claude, j’ai vu que tu as le Prix Minerva. Mais tu m’avais avertie qu’il ne se convertissait pas, hélas en francs-papier… C’est bien dommage. Est-ce que les éditeurs seront sensibles à ton prix ? Tu as dû recevoir mon petit livre sur papier vert Prisons et Paradis. On édite ce qu’on peut. Collection “inédits” à 7 francs. Deux frères, antiquaires, ont ouvert il y a une semaine un petit magasin “Colette” sur le port. […] Je suis contrariée, petit Claude. Maurice devant repartir dans une semaine, je me voyais t’envoyant une dépêche: “Viens”. Mais les nouveaux Jouvenel, — ou les anciens — viennent d’acheter deux propriétés au cap Ferrat, et veulent commencer, comme on dit, les travaux. Ma fille est chez son père, elle descendra donc dans le Midi avec ses parents, et elle attend le départ de Maurice pour lui succéder dans l’unique chambre qui est ici. Sa venue m’est très agréable, mais tu comprends que j’avais arrangé les choses autrement… Je ne sais pas combien de temps elle va rester. […] J’ai toujours mal à mon pied cassé. Je marche, bien sûr, mais… Je jardine naturellement, mais… c’est seulement quand je nage que je l’oublie. Et ma cheville gardera toute sa vie, toute ma vie, cette déformation. » 700 €
28278 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Strasbourg, 1er décembre 1932] ; 3 pages in-8°, sur papier à en-tête de l’hôtel Maison Rouge ; enveloppe timbrée jointe. « Je tourne, en série de conférences. C’est affreux par le froid. Le froid de l’Est, bleu gris, mon ennemi. Un point de bronchite, bien connu, s’est levé tout guilleret à l’appel du froid. Je tâche de le juguler. Ta gentille lettre, renvoyée par Maurice, m’a rejointe hier soir ici. J’ai encore trois jours à tirer. Dimanche matin, je repars de Besançon pour Paris. […] Raconte moi ton histoire de bateau, ces choses là m’excitent prodigieusement ! J’y vois tout de suite une satisfaction à ma manie, non pas de déménagement, mais d’emménagement. Au fond je suis un type dans le genre de Louis de Bavière. Quand publie-t-on ton prochain livre, Claude ? Beaucoup de succès pour la conférence que je balade, anecdotique et anodine s’il en fut. Mais le succès, ça ne tient pas chaud. Et je suis partie de Paris éreintée par 3 jours de vente au Printemps, — bonne publicité. » 350 €
28279 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Paris, 24 juin 1933] ; 2 pages in-4°, sur papier bleu, enveloppe timbrée jointe.« Il y a déjà bien cinq jours que ton livre est parti, avec une dédicace […]. C’est plein de gens qui n’ont pas, dans Paris même, reçu mon livre. Que faire ? Tu penses bien que je t’enverrai un autre. Mais tous ceux qui s’obstinent à ne pas le recevoir ?… Je n’ai pas oublié Bruel. Rien de nouveau, ce que j’appelle nouveau. Je travaille à un dialogue de film. Le film n’est pas de moi. À la boutique, je suis une fois par semaine seulement. Il est juste de dire qu’une fois par semaine aussi je suis à la campagne, à St Nom La Bretèche. Maurice fait le travail de deux ou trois hommes, depuis qu’il a f… son directeur des ventes à la porte. Ouf ! Mais, vrai, c’est dur en ce moment, tout est dur. Je ne peux pas savoir encore si La Chatte se vendra, naturellement. Je viens de recevoir Domino. Est-ce un périodique qui t’appointe, au moins ? Viendras-tu à St Tropez ? Je l’espère bien, petit Claude. » 420 €
28280 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. La Treille Muscate [22 septembre 1933] ; 1 page 1/2 in-4°, enveloppe timbrée jointe. « Mon petit Claude, je vais partir. Et je ne serai pas allée te voir. À vrai dire, comment l’aurais-je fait ? Maurice ne revient pas me chercher, il est trop pris. Alors je vais rentrer en acceptant une place dans la voiture de Vera, ma voisine d’en face. Et je débarquerai tête basse au pied de mon nouveau boulot : la critique théâtrale au Journal. C’est bien triste. J’étais redevenue une autre personne qui n’a pas mal aux reins, ni aux genoux, qui est souple, qui est encore forte. Dans trois mois, j’aurai quitté mon hâle et mon bonheur physique. N’y pensons pas, n’y pensons pas ! Mon petit Claude, je te demande de me donner de tes nouvelles, à Paris. Car ici je me tais longtemps, je ne cesse pas de me soucier de toi. Je t’embrasse petit Claude, de tout mon cœur. » 350 €
28281 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Paris, 10 novembre 1933] ; 1 page in-4°, enveloppe timbrée jointe. « Merci, petit Claude. J’ai flairé tout de suite la personne. Un silence de marbre suffira, je pense à me protéger. S’il faut “forcer”, je forcerai. On t’envoie le catalogue. Et comment que je la lirai, L’Œuvre libre. Je t’embrasse, mon petit Claude, de tout cœur. Colette. » 210 €
28282 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Paris, 24 décembre 1934] ; 2 pages in-8° oblongues, enveloppe timbrée jointe.« On a du mal à t’avoir ! Mon petit Claude. Bernstein, qui part demain — mais tu le sais —me demande s’il peut t’offrir une part du secrétariat du Gymnase, pas trop de travail, et 500 f par mois. Je lui ai dit oui. Tu serais en collaboration avec la secrétaire générale, Mme Favé, la plus admirable femme d’ailleurs, et tu devrais tout de suite prendre contact avec elle. Elle est prévenue. Je serais si contente que cela te plût. Et j’espère que cela te plaira, dans ce dernier cas, saute chez Bernstein, par téléphone, lettre ou présence, pour lui dire, ce qui est vrai, qu’il est un amour. Maurice part pour Londres, mais revient ce soir. » 280 €
28283 COLETTE :Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Paris, 25 décembre 1935] ; 4 pages in-4°, déchirures, enveloppe timbrée jointe (à restaurer). Très belle lettre : « J’ai été bien contente d’avoir ton écriture et ta petite figure aux cheveux bien taillés. C’est la seule coiffure au bord de la mer et dans la mer. En ce moment je suis presque coiffée comme toi, parce que j’ai si fort abusé de mes cheveux que je les laisse pousser plats et tranquilles pour pouvoir éliminer tout ce qui a été rôti. Autre similitude : le manque de pèze. Maurice est branché sur une autre affaire (son métier agonise partout) avec des Américains, affaire de laquelle nous espérons tout… C’est te dire que nous y avons tout mis. Il faut tenir et se ceindre encore pendant six mois… On tiendra, puisqu’il le faut. Et Gonin qui me doit 50.000, ne m’a pas payée. Mais il n’a pas mes textes heureusement. Comment se fait-il que ce Groënlandais te laisse sans argent ? Je suis effarée et respectueuse de tout le travail que tu peux fournir. […] Et pourquoi n’as-tu pas écrit le livre pour Firmin Didot ? Tu es la seule personne que j’ai jamais aimé pourvoir de “documents” comme on dit, intéressants, — je veux dire par là qu’ils auraient intéressé le lecteur. A l’île aux Moines ??? Où est-ce ? La Norvège, — j’attends que tu viennes, je t’en raconterai des fragments, tous bleus, tous semés d’îles. Le roman de Maurice est très avancé (très curieux, dur à lire, compassé, plein de qualités) mais il abandonne tout pour un travail d’affaire qui le prend douze heures par jour. […] Si tu m’écris je serai : Claridge, Champs-Élysées. Un an d’hôtel me fera du bien. Mon grenier (deux petites pièces, mes meubles, ma salle de bains, une chambre pour Pauline) te plaira, je le crois, et mes deux petits balcons. […] Je n’aime pas, je vomis cette virtuosité de soi qui vous tient auprès des malades et des mourants. C’étaient des mourants qui ne t’avaient pas réclamée, qui ne sont pas à toi, à qui tu n’étais pas nécessaire. L’urgence seule sauve tout, justifie tout. […] J’ai horreur des douleurs artificiellement provoquées, entretenues et exaspérées. Et si je te le dis aussi vivement, c’est que je suis, mieux peut-être que personne, ta vieille amie qui t’aime, Colette. » 560 €
28284 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. [Pau, 29 août 1937] ; 2 pages 1/2 in-8°, sur papier de l’Hôtel de France à Pau ; enveloppe timbrée jointe. « Bonjour en courant, mon petit Claude. Il fait moins froid ici. Mais c’est toujours la même chose : les hôtels n’entendent rien au chauffage, en France. Je m’en tire avec des lainages, une boule chaude. La vérité, c’est que ces voyages sont affreux. Demain matin, je serai à Paris. Mais mardi je repars pour La Rochelle, Nantes, Rennes, Blois… oh ! que j’en ai marre. Prends bien garde au froid, mon petit Claude. C’est ton ennemi, à toi aussi. Donne-moi de tes nouvelles. J’ai vu la petite Santon. Elle fait peine, cette petite qui travaille jour et nuit, et qui subsiste à coups de romans d’aventures. Comment faire pour que cet univers soit moins cruel ? […] Je vais m’habiller et m’en aller faire la désinvolte, avec une chemise en laine, des culottes et je garde mon manteau en scène. Je n’arrive pas à aimer le Sud-Ouest. » 420 €
28285 COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. La Treille Muscate, [Saint-Tropez, 16 août 1938] ; 2 pages in-4°, sur papier bleu ; enveloppe timbrée jointe. « Si j’ai tardé à te répondre, c’est parce que je suis en pourparlers et va-et-vient justement entre Toulon et presque La Seyne. Edouard Bourdet a envie de reprendre Chéri au Français. Mais avec modifications. Il habite près du fort Balaguier. Vendredi prochain, c’est mon tour d’aller chez lui, dîner de travail. Mais il me semble que la semaine d’après nous pourrons nous voir très bien, et j’aurai un grand, et tendre plaisir à revoir mon petit Claude aux beaux yeux. Maurice aussi. C’est une folie que de venir dans ce pays avec l’obligation d’y travailler. Depuis 14 ans, je commence à m’en apercevoir. […] Je suis contente de ne pas passer cet été sans t’avoir vue. Nous sommes forcés de rentrer tôt à Paris, vers le 5 septembre. À presque tout de suite ! Colette. Ne dis pas un mot, je t’en prie de l’entrée possible de Chéri au Français. » 420 €
28286 : COLETTE : Lettre autographe signée, adressée à Claude Chauvière, sa secrétaire. 7 novembre 1939 ; 1 page 1/4 in-4°, enveloppe jointe. « Mon petit Claude, ne sois pas vexée. Ma vie est une catastrophe et j’ai eu la grippe. Aussi je pars mardi pour Auray, Morbihan, Hostellerie de la Tour d’Auvergne, Route de Quiberon. J’emporterai les Œuvres libres, pour me décrasser en te lisant. Et je voudrais bien Le Soir tombe, que j’ai eu le scrupule de ne pas lire en pièces détachées. Cette défection (pourquoi pas défécation ?) des éditeurs à ton sujet n’est compréhensible que lorsqu’on écoute l’un d’eux parler, craindre ceci, appréhender cela, prévoir la guerre, annoncer le Krach, peser le papier, etc., etc. Crotte, on a sonné, il faut qu’encore qu’une fois je te laisse. Attends moi là ; je reviens. Comment marchent tes conférences ? Tous deux nous t’embrassons, mon petit Claude. Colette. » 350 €
Les lettres sont visibles à la galerie.
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