12 août 1914; 4 pages in-8°, effrangées sur les bords et fentes dans les plis.
Très longue lettre sur la Guerre: «Votre lettre m’effare mon cher Ami, vous êtes zouave. Je connais peu les zouaves et vous êtes le premier zouave que je connaisse. Je vous souhaite de ne pas trop faire zouave. Cependant depuis cinq mois, j’entends le brigadier de la 1ère pièce chanter chaque fois qu’il est brindezinge. “Je suis zouave et je l’sais bien, Que tout n’es pas rose à la guerre”. Vous pourrez la chanter bientôt en tout vérité.
Vous verrez comme vous vous habituerez vite. Billy a publié dans le Mercure des vers que je vous ai adressés, il y a joint une réponse qu’il m’a adressé, le tout attribué à un poilu mobilisé dans l’artillerie et à un de ses amis. […] Il y a là un certain sans gène. Les débats ont reproduit le tout. Il est vrai que Billy est gentil et il faut lui pardonner. D’autre part, nos lettres ne nous appartiennent plus, on peut bien par conséquent attribuer nos vers à qui l’on voudra. […] Aujourd’hui, j’ai fait pas mal de vers de circonstance. […] Le secteur 138 est bien moins agréable comme séjour que le secteur 59. Pour ce qu’on en pourrait dire en surplus, ce sont là mystères auxquels il peut être initié en y venant voir soi-même. Ces mystères pour votre gouverne n’ont rien de très intéressant ni même de très mystérieux, mais enfin on tient à ce qu’il n’y ait aucune relation authentique des jours qui suivent les jours. […] Je vous souhaite de n’arriver ici que peu de jours avant la signature de la paix juste assez pour gagner la croix de guerre.» estimation 6/7000 euros.Né russe en 1880, Guillaume Appollinaire s’engage pour la guerre en novembre 1914. Il rejoint le front de Champagne le 4 avril 1915 en tant qu’artilleur puis en novembre 1915, dans le but de devenir officier, entre au 96e régiment d’infanterie avec le grade de sous-lieutenant. Le 9 mars 1916, il obtient sa naturalisation française mais quelques jours plus tard, le 17 mars 1916, il est blessé à la tempe par un éclat d’obus. Après avoir rompu ses fiançailles avec Madelaine Pages, le 2 mai 1917, il épouse Jacqueline
Kolb. Affaiblit pas sa blessure, il meurt le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole. Il sera cependant considéré comme
Mort pour la France en raison de ses faits d’armes