Une lettre d’Abd El-Kader

ABD EL-KADER [Mascara, 1807 – Damas, 1883], émir arabe d’Algérie, écrivain, poète, philosophe, résistant militaire homme politique et théologien soufi, fondateur de l’État algérien.

Lettre signée avec son cachet encre, adressée à l’honorable Mahmoud ben Zouadi. Sétif, 22 octobre 1839 ; 1 page in-8°, en arabe avec sa traduction d’époque. Appel à la guerre sainte. « Tu es musulman de père en fils ; comment t’éloignes-tu de l’Islamisme, sans éprouver de remords ? Tu sais cependant que je t’aime et t’honore, et je n’ai rien fait pour t’offenser. Détache-toi de l’impie et la protection de Dieu et de son prophète s’étendra sur toi. J’irai prochainement chez toi s’il plaît à Dieu ».

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Le 13 février 1820, le duc de Berry est assassiné

Le Duc de Berry, né en 1778, est le neveu du roi Louis XVIII et aussi la seule personne capable de donner un héritier à la famille royale.

Le 13 février 1820, un ouvrier républicain fanatique, Louis Louvel, frappe d’un coup de couteau le duc de Berry, sur les marches de l’Opéra. L’évènement aura un grand retentissement. Le duc de Berry laisse son épouse enceinte. Elle donnera le jour à Henri, comte de Chambord.

Extraordinaire et émouvante relique : Morceau de tissu imbibé du sang du duc de Berry, contenu dans une petite enveloppe de l’époque avec la mention manuscrite : « Ceci est le sang du duc de Bery assasiné le 13 février 1820, 11 heures 1/2 le soir à l’Opéra. ». Précieux objet.

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Une rare lettre autographe signée de Beethoven

Nous présentons dans notre dernier catalogue de nombreuses merveilles et trésors précieux.

Cette lettre de Beethoven est encore la démonstration que l’on peut s’offrir des pièces de musées :

BEETHOVEN Ludwig van [Bonn, 1770 – Vienne, 1827],  compositeur allemand.

Lettre autographe signée « L. v. Beethoven », adressée à un employé de la  » K. k. Universalkameralamt  » à Vienne. [26 octobre 1819 ?] ; 1 page in-8° oblongue.

 

« P.P. Ich bitte dem überbringer dieses den Pensions Antheil für meinen Neffen gefälligst einzuhändigen.

ergebenster l. v. Beethoven »

 

« Je vous prie de bien vouloir payer au porteur de cette lettre la part de la pension de mon neveu. [Votre] dévoué L. v. Beethoven »

 

En novembre 1815, décédait l’un des frères de Beethoven, Karl, laissant son épouse Johanna (dont l’inconduite était notoire et n’inspirait à Beethoven qu’horreur et mépris) et un fils âgé de 9 ans, appelé lui aussi Karl. La tutelle de ce dernier fut confiée d’abord à Beethoven, puis conjointement à lui et à Johanna. Cette situation se révéla chaotique pour tout le monde et à l’origine de cinq ans de procès acharnés et de drames qui ne cessèrent jamais. Au prix de grands sacrifices, Beethoven s’occupa tant bien que mal de l’éducation de ce neveu difficile. Les soucis et les déceptions seront à la hauteur de ses ambitions pour le jeune Karl, tiraillé entre sa mère et son oncle idéaliste.

 

La présente missive est adressée à l’administration compétente pour le paiement de la pension de Johanna. Dans un contrat du 10-5-1817, celle-ci s’était engagée à céder la moitié de sa pension comme contribution à l’éducation de son fils Karl. Cette participation, payable tous les trois mois en avance, se montait à 41 Gulden 6 Kreuzer et la somme annuelle 166 Gulden 30 Kreuzer. Le 26-10-1819 Beethoven a essayé, en vain, d’obtenir de cet office le paiement de la part due à son neveu de la pension de sa belle-sœur (voir lettre 1349 du 27-10-1819 à Johann Baptist Bach). Il se peut que ce document soit en rapport avec cette démarche.

 

Publication : n° 1346 dans la « Correspondance générale » de Beethoven. Très belle signature.

Ce document est disponible chez ARTS ET AUTOGRAPHES, 9 rue de l’Odéon — 75006 PARIS. Tel.: 01 43 25 60 48.

 

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Un amour de Swann, les Jeunes filles en fleur, Sodome et Gomorrhe

PROUST Marcel  [Paris, 1871 – id., 1922],  écrivain français.

Ensemble de 2 lettres autographes signées, adressées à Jacques Rivière, directeur de la N.R.F. (Nouvelle Revue Française) :

— [3-12 juillet 1920] ; 12 pages in-8° « Je suis triste que vous souffriez encore, heureux que l’électricité vous ait fait du bien, reconnaissant de toutes les charmantes choses que vous me dites, ennuyé à propos de la Revue de ne pas vous répondre comme vous l’auriez peut-être voulu. Il est exact que Jacques Porel a demandé à Gallimard que je fisse un article Réjane. Mais cet article pour beaucoup de raisons trop longues à écrire et dont nous causerons vous et moi, mais dont la principale est mon terrible état de santé, je ne pourrai pas l’écrire. Même court, cela me serait impossible. Or Porel m’écrit qu’il compte sur 26 ou 27 pages. Copeau (c’est une simple suggestion) ferait cela beaucoup mieux que moi, qui ne peux pas le faire du tout. Cher Jacques (si vous m’appelez aussi Marcel, sinon je retire le prénom), me permettrez-vous de vous parler en toute liberté de la N.R.F. ? Votre dernier numéro est superbe, varié, plein, harmonieux. Je n’en suis que plus choqué de notes qui à mon avis, et ceci dit tout à fait entre nous, ont q.q. chose de vraiment scandaleux. Voici ce que je veux dire. Dernièrement après une période où le moindre mouvement m’avait été impossible, j’ai repris un instant la plume. Vous pensez peut-être que c’était pour répondre à l’une des centaines de lettres qui attendent toujours. Pas du tout, je venais de lire coup sur coup trois articles de M. de Pierrefeu sur (je crois) Paul Adam, Moréas et Stendhal. Or je ne pus m’empêcher de lui écrire que ces articles étaient par trop bêtes, cette critique tellement superficielle qu’elle allait forcément de contradictions en contradictions etc. Remarquez que je connais à peine M. de Pierrefeu que j’ai vu une seule fois, qu’il m’est tout à fait sympathique (malgré l’idée bizarre qu’il a eue une fois de m’écrire : « Ne savez-vous donc pas que je pourrais si je voulais me faire appeler le Cte de Pierrefeu » — ceci particulièrement confidentiel parce que si touchant de ridicule). Naturellement le superficiel et brillant critique ne m’avait pas demandé mon opinion. Un amour stupide de la vérité me fit la lui donner de moi-même. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’il ne m’a pas répondu et que sa critique du Côté des Guermantes se ressentira, je n’en doute pas, de mes appréciations spontanées. Je comprends très bien que tout le monde n’en fasse pas autant et en somme c’est un de ces auteurs sur lesquels on peut, plus convenablement, garder le silence. Mais quelle n’a pas été ma stupéfaction en lisant (dans votre si beau numéro de la N.R.F) sous la plume si sévère de M. Allard, un éloge de M. de Pierrefeu où celui-ci était comparé à Velasquez (?) à Tallemant des Réaux, à Bussy-Rabutin. Quant à Saint-Simon, M. Allard reconnaît que M. de Pierrefeu ne l’a pas été, mais parce qu’il n’a pas voulu, à cause du sujet et pour des raisons de convenance. Ah ! si la Garonne avait voulu ! — Je place trop haut la reconnaissance, l’amitié (j’ignore absolument si elles ont joué un rôle quelconque dans le jugement de M. Allard !) pour ne pas reconnaître qu’on peut être obligé à des articles de complaisance. Pour ma part, si j’avais été moins souffrant, sachant que des membres de l’Académie Goncourt que je ne connais pas, comme M. Élémir Bourges, se sont donné une peine touchante et folle pour me faire avoir le prix Goncourt, y ont pris des grippes, etc., je ne me serais pas cru déshonoré pour leur octroyer du génie. Mais si j’avais fait cela, je l’aurai fait au Figaro, ou à Comœdia ou au Gaulois, et non dans les colonnes de la scrupuleuse N.R.F où on ne doit parler que de ce qui le mérite absolument (l’exemple de M. Élémir Bourges est à ce propos très mal choisi puisque c’est un grand écrivain). Vous savez pour ma part le scrupule que j’y mets. Je vous ai recommandé les vers de Jacques Porel. Ils étaient supérieurs à ceux que vous publiez, à mon avis. Cet avis ne fut pas le vôtre, je me serais fait un scrupule d’insister. J’avais demandé (autre exemple) une note sur Mlle Charasson, vous n’avez pas été favorable, je me suis retiré. — Des gens intelligents comme Léon Blum et bien d’autres, quand j’ai publié Swann ont dit : « Ce n’est pas cela qui peut donner une idée véritable de Proust. Qu’il publie ses pastiches, ils auront quarante éditions. J’ai insinué qu’on pourrait les « lancer » . La N.R.F fut d’un autre avis. Ils tombèrent à plat. Je donne les bonnes feuilles du Côté de Guermantes à une Revue belge et à une Revue américaine, puisque la N.R.F. ne me les a pas demandées. C’est vous dire la haute idée, quasi-religieuse que je me fais de votre Revue. Votre admirable N° du 1er juillet n’est pas certes fait pour ébranler ma foi mais pour l’exalter au contraire, et cela dès la 1ère page, dès cet admirable « Antoine et Cléopâtre » que la presse quotidienne a fait tomber dans des conditions si abjectes qu’elles font pour moi de M. Régis Gignoux sans que je le connaisse un véritable ennemi personnel, un démolisseur de beauté. Mais trouver dans ce N°, Velasquez, St-Simon, Tallemant, Bussy pour le gentil et absurde Pierrefeu (dont les chroniques théâtrales à l’Opinion, sont je le reconnais très supérieures à ce qu’il fait d’habitude) cela m’a semblé peu encourageant. Je vous admire comme je vous aime, infiniment. Marcel Proust.

Cher ami, vous ai-je jamais rendu la Nuit des Rois que je devais garder 2 jours et que je n’ai pas lue. Sinon où dois-je vous l’envoyer, dans votre villégiature ou rue Froidevaux. Lettres charmantes de Thibaudet qui m’est très sympathique. Toutes les raisons accrues quotidiennement que j’ai données pour une traduction en anglais ont abouti à un arrangement de traduction… en espagnol ! Ce n’est pas la même chose. L’article que Thibaudet a fait en Suède « un nouveau Jean Christophe » (ce qui est très alléchant pour la Scandinavie) rendrait désirable une traduction en suédois. Mais ce doit être difficile. J’en parlerai à tout hasard, et sans aucune espérance, à Gaston. »

[3-12 juillet 1920] ; 4 pages in-8°. « J’ajoute un post-scriptum à ma lettre pour vous remercier et vous rassurer au sujet du côté « psychologique de mon oeuvre ». Comme elle est une construction, forcément, il y a des pleins, des piliers, et dans l’intervalle des 2 piliers je peux me livrer aux minutieuses peintures. Tout le volume sur la séparation d’avec Albertine, sa mort, l’oubli, laisse loin derrière lui la brouille avec Gilberte. De sorte qu’il y aura trois esquisses très différentes du même sujet (séparation de Swann avec Odette dans Un amour de Swann — brouille avec Gilberte dans Les Jeunes Filles en fleurs — séparation avec Albertine dans Sodome et Gomorrhe, la meilleure partie). Cher ami, le hasard a fait ceci, les Revues françaises et étrangères n’ont cessé de parler des Jeunes Filles en fleurs. Mais je n’ai pas osé vous demander d’en parler (je ne veux pas dire à vous Jacques Rivière, mais à la N.R.F.). Or dans le dernier N° il y a une énorme « Revue des Revues ». S’il y en a encore une dans le prochain, on sera fatalement amené à signaler car il est presque en tête, le stupide article de Pierre Lasserre « Marcel Proust humoriste et moraliste » dans la Revue Universelle. Si oui, je voudrais que les quelques lignes de réfutation me fussent confiées (anonymement bien entendu ou plutôt sous le nom (si cette Revue des Revues est signée) de celui qui la fera). Dans ce cas vous serez gentil de me prévenir pour que j’aie le temps de rédiger dix lignes. Et même je vous demanderais de les faire recopier (ou je le ferais moi-même) afin que même celui qui fait la critique des  revues ne sache pas que les 10 lignes sont de moi et les croie de vous. Tendrement à vous. Marcel Proust. »

Lettres publiées dans la « Correspondance Marcel Proust – Jacques Rivière » (Éditions Gallimard) sous les n° 68 et 69.

Cette lettre peut-être achetée chez Arts et Autographes, 9 rue de l’Odéon – 75006 PARIS.

 

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L’univers intime de Proust par lui-même…

Dans notre catalogue d’avril 2011 sont dévoilées deux lettres extraordinaires de Marcel Proust:

L’une d’entre elle, est adressée à Madame Catulle: [Versailles vers le mercredi soir 12 décembre 1906] ; 17 pages 1/2 in-8° sur papier de deuil.

« J’ai été tellement malade ces deux jours-ci que c’est seulement ce matin que j’ai pu avoir mes lettres et lire la vôtre. Ensuite je me suis endormi, j’ai dormi jusqu’à ce soir. Je  me suis levé vers onze heures du soir, je vous écris, ma lettre partira demain matin à l’aube, mais pendant ce temps que devez-vous pensez de moi ! Vous me croyez ingrat ! Vous vous dites, il était pressé de m’écrire quand il avait besoin de moi, mais maintenant que je lui ai rendu service il ne prend même pas la peine de me remercier. Madame, que vous puissiez penser cela jusqu’au moment où vous aurez cette lettre me désole. J’ai tant de reconnaissance pour votre bonté ! Tout ce que vous m’avez dit m’a semblé — à travers la brume du malaise se dissipant — parfait. Je ne tenais pas au papier rouge comme vous l’aviez cru. C’était ce papier empire en particulier qui m’avait semblé beau quoique rouge. Mais il ne pouvait aller là. Et je ne suis nullement hostile au rouge, au contraire ! Je suis content de voir que les boiseries pourront servir, je croyais que l’antichambre était trop petite, et cela me fera grand plaisir de les retrouver là car Maman en avait eu tant de plaisir, aimait tant son antichambre. En dehors même de cette douceur, cela me fera plaisir de toutes façons car c’était ravissant quoi qu’en pense ma jeune belle soeur ! Hélas ce que vous me dites de l’appartement du boulevard Haussmann je le sais trop ! il y a quinze ans au moins que je ne l’ai pas vu, mais je me le rappelle comme la chose la plus laide que j’aie jamais vue, le triomphe du mauvais goût bourgeois à une époque encore trop rapprochée pour être inoffensive ! Cela n’est même pas démodé dans le sens charmant du mot. Démodé ! C’est trop laid pour l’être jamais. Mais je vous ai dit la douce et triste force attractive qui m’y avait ramené, malgré l’horreur plus grande encore du quartier, de la poussière, de la gare Saint-Lazare, tant d’autres choses. Les amis qui cherchèrent pour moi avec un si adorable dévouement puisque je ne pouvais chercher moi-même et qui connaissaient mes instructions et mes goûts, mes recommandations : pas d’arbres, pas de bruit, pas de poussière, quartier élevé, etc. etc., n’en reviennent pas encore de m’avoir vu élire le « bel appartement » d’un Nucingen moins riche et beaucoup plus tardif. Mais je vous ai dit la raison, ce que je n’ai peut-être dit à personne. Elle dispense de tout autre et la raison ne la connaît pas. Si je peux me décider à le quitter il aura du moins été une transition entre l’endroit où repose pour moi Maman et qui n’est pas le cimetière mais l’appartement de la rue de Courcelles et un appartement qu’elle n’aurait jamais vu, entièrement étranger. Et puis tout cela se mêle à d’autres choses et c’est trop long à dire par lettres. Ce que vous me dites de ce que doit être [le] bel automne d’or à Versailles me fait mal ! Car, croyez-vous que sauf les  tout premiers jours où de mon lit je voyais les derniers rayons de soleil, je ne me suis jamais éveillé que la nuit venue, et je ne sais rien des charmes de la saison ni de l’heure. J’ai passé quatre mois à Versailles comme si je les avais passé[s] dans une cabine téléphonique sans avoir rien su du décor. Et autrefois j’allais sans cesse de Paris à Versailles tant j’aime ces lieux incomparables, que notre tristesse a construit[s] plus beaux qu’ils ne furent jamais dans leur splendeur première et qui ont tant gagné en beauté de Louis XIV à Barrès ! Je n’ai pas votre lettre sous les yeux mais il me semble que vous me dites qu’on ne pourrait pas faire du petit salon une pièce toute en tapisseries. C’est ce que j’aurais aimé, pour me rappeler l’antichambre de la rue de Courcelles ou le « cabinet à tapisseries » du boulevard Malesherbes. Donc ce sera pour la salle à manger. Voyez-vous Reynaldo ? Il me téléphone tout le temps pour venir, mais je suis vraiment trop souffrant, j’espère qu’il ne prend pas cela pour de l’indifférence. Dieu sait si c’est le contraire que j’éprouve pour lui ! Je ne sais quand je pourrai emménager à Paris, la négligence inouïe du gérant de l’immeuble, la mauvaise volonté de la locataire à qui j’ai sous loué me font prolonger indéfiniment un séjour à Versailles dans les conditions à la fois les plus coûteuses et les plus inconfortables. Dès mon arrivée — même si je dois bien me porter ensuite dans l’appartement — je serai malade quelques jours, comme après tout changement. Et ce premier état passé, je tâcherai de vous voir, soit chez vous, soit chez moi. Je relirai ce soir votre lettre et si j’y trouve des points sur lesquels j’avais à vous répondre je le ferai aussitôt. Je n’ai voulu que maintenant vous remercier, dépenser près de vous le peu de force, que j’avais après ces crises. Vous me donnez comme chambre à coucher la chambre bleue. Elle me sera bien cruelle. Mais si la chambre a besoin d’être meublée je crois en effet qu’il n’y a rien d’autre. Madame, je voudrais rester encore longtemps avec vous pour vous remercier de la peine que vous avez prise pour moi mais vraiment je n’en peux plus, je vous remercie de tout coeur et je vous prie de croire à ma reconnaissance respectueuse. Marcel Proust.

Pour les tableaux, je ne désire voir un peu en vue que la bergère petite et vieillotte qui a l’air monstrueux et racé d’une infante espagnole, le portrait de Maman, et mon portrait par Blanche. Cependant les copies exactes des Snyders feront très bien dans la salle à manger. Je sais que le Govaert Flinck  [Tobie et l’Ange] est un tableau de prix, et en somme [de] la très bonne peinture un peu sombre d‘un des meilleurs élèves de Rembrandt. Mais je compte le laisser à Robert (et du reste tout ce qu’il voudra) ainsi que le si beau portrait de Papa par Lecomte du Nouÿ, qui faisait l’admiration de Jacques Blanche, mais je crois que Robert aura grand plaisir à l’avoir. Je lui enverrai aussi s’il veut bien les héberger (ou je lui garderai dans l’ombre Esther et Aman, l’histoire romaine, et le Metsu. Cependant s’il ne les prend pas tout de suite je ne les mettrai pas dans l’ombre pour que ma belle-soeur ne les juge pas dédaignables. Mais pour mon compte tout tableau qu’on n’a pas désiré, acheté avec peine et amour, est atroce dans un appartement. Williams Morris a dit « n’ayez jamais dans un appartement que des choses que vous trouviez utiles, ou que vous jugiez belles ». Or une armoire, une table, mêmes laides, même inutiles, cela évoque encore une idée d’utilité. Mais un tableau qui ne plaît pas, c’est une horreur. Et je peux le dire de tous ceux bons ou mauvais qui seront là !

PS : Si le mobilier bleu n’est pas adopté pour ma chambre, on pourrait grossir les meubles de l’ancienne chambre d Papa de quelques meubles du grand salon ou du petit salon qui ne tiendront peut-être pas dans ces pièces plus petites. Le seul inconvénient que je vois au joli (relativement) papier empire dans l’antichambre est que toutes les boiseries de l’antichambre de Maman ne sont guères du même style. Je pourrais peut-être dans ce cas faire tendre les murs en étoffe (imitation des vieilles toiles de Jouy,  ce que j’avais comme rideaux dans la chambre rue de Courcelles, et que je n’aurai plus si j’ai des rideaux bleus). Je compte mettre dans le grand ou le petit salon la pendule de l’antichambre de la rue de Courcelles (Cartel) car la pendule du petit salon de la rue de Courcelles était bien néfaste, et je n’ai pas d’argent pour en acheter une belle !

Encore un post-scriptum chère Madame pour vous dire que si vous voyez Robert (ou même Marthe) vous leur disiez que je suis en humeur de bibeloter, que vous savez que je veux acheter une belle pendule et peut-être des tapisseries, que je tâcherai si je quitte le boulevard Haussmann d’avoir un grand salon (si vous saviez la merveille qu’il y avait à louer rue du Cherche-Midi !) et si j’y reste de démolir une cloison. Pardonnez-moi de ne pas écrire plus, je suis tellement mal à mon aise. Mais si je fais jamais une belle installation quelque part, je ne vous demanderai pas le plus léger conseil ! Car je sais trop qu’alors vous faites cela avec une telle sublimité que c’est simplement vous demander des mois de votre vie. D’ailleurs si je parle de ces projets qui ne se réaliseront sans doute pas c’est pour que ma belle-soeur comprennent que je désire garder des choses jolies.Votre  respectueux et reconnaissant Marcel Proust. Je pense que dans mon interminable lettre d’hier je vous ai dit combien j’avais été « transporté » par vote délicieuse carte. Quant   aux fleurs dont je n’ai pu hélas m’occuper moi-même je sens bien que cela a dû être excessivement mal fait et j’en suis navré. Vous ai-je jamais dit que quand Maman m’avait donné les meubles en marqueterie elle m’avait dit, je te conseille de les garder pour le mariage de Guigui et de Bicottot. Aussi cela m’a fait bien plaisir de le donner. Seulement je crois que  ç ’aurait été bien, Maman faisant un plus beau cadeau. Mais puisque Maman n’est plus là, j’ai peur que de moi qui la représente un peu ce soit bien maigre. Enfin, tant pis. »

Vous pouvez venir admirer cette lettre à la galerie ARTS ET AUTOGRAPHES et qui sait avoir la chance d’acquérir ce précieux document !

Cette lettre peut-être achetée chez Arts et Autographes, 9 rue de l’Odéon – 75006 PARIS.

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Un héros oublié : le sergent HOFF

Ce soldat fit la une des gazettes de son époque qui relataient régulièrement ses exploits en louant son courage, son adresse, son astuce et son sang-froid. Il fut félicité maintes fois pour sa bravoure, reçut les plus hautes distinctions militaires. Il fut aussi accusé d’être un espion, puis réhabilité. Après sa mort une souscription nationale fut lancée pour l’édification d’un monument à sa mémoire.

C’est ainsi qu’on peut de nos jours découvrir au cimetière du Père-Lachaise à Paris sa tombe surmontée du monument inauguré en 1904 et qui est une des dernières oeuvres du célèbre sculpteur BARTHOLDI. Il l’a représenté debout en tenue militaire, l’allure martiale, arme au pied et une main en visière protégeant son regard qui scrute l’horizon. Sur le socle, une fillette qui a écrit : « FRANCE SOUVIENS TOI ».

Mais qui se souvient encore du Sergent HOFF?

Rien ne prédestinait Ignace HOFF, né le 20 juillet 1836 à Marmoutier (Bas-Rhin), à devenir un héros de la guerre de 1870. Ouvrier plâtrier, il avait commencé son tour de France dès l’âge de 14 ans. En 1857, il fut incorporé dans l’armée et en 1863, il se réengageait pour 7 ans.  Lorsqu’éclate la guerre de 1870, il est sergent et stationné à Belle Isle en Mer. Croyant (à tort) que son père avait été abattu par l’armée prussienne en tentant de défendre sa maison, il se démène pour aller combattre l’ennemi. À force de persévérance, il réussit à changer de bataillon et à rejoindre les défenseurs de Paris. Lors du siège de Paris par les Prussiens auxquels il vouait une haine farouche, il révéla une audace et une bravoure qui en firent un héros adulé par tous et dont les faits d’armes étaient suivis au jour le jour par les parisiens qui pouvaient  s’identifier à cet homme du peuple, simple et discret et pourtant capable d’accomplir des actes héroïques. Il pratiquait une guerre de ruses et d’embuscades, sa connaissance de l’allemand lui permettant de tromper les sentinelles. « Chasseur d’hommes », il opérait le plus souvent seul et bien qu’excellent tireur il privilégiait le sabre et le corps à corps pour ensuite disparaître dans la nuit. Fin octobre, avec quelques francs-tireurs, il reprit aux Prussiens l’Ile aux loups sur la marne. Cet exploit lui valu de recevoir la Légion d’honneur le 6 novembre des mains du général d’Exéa, qui souligna que cette 1ère croix donnée par la République était bien méritée.

Le général Le Flô, ministre de la guerre, décida alors de le charger de porter une dépêche à Bazaine, encerclé dans Metz, considérant qu’il était le seul capable de franchir les lignes ennemies grâce à sa ruse et sa connaissance de l’allemand. Mais la prise de Metz intervint juste avant son départ. Comme il avait refusé toute rémunération ou tout honneur pour cette périlleuse mission, le ministre lui-même l’autorisa à ne plus dépendre de ses officiers et à choisir 12 personnes qui relèveraient de lui seul pour poursuivre son action.

Le 19 novembre, il fut mis à l’ordre du jour du 107ème de ligne par le général TROCHU, gouverneur de Paris pour avoir tué dans divers combats individuels 33 Prussiens et, le 5 octobre, en embuscade avec 15 hommes, mis en déroute une troupe d’infanterie et de cavalerie.

Il devint alors une sorte de légende, dont la tête était mise à prix 20 000 thalers par les Prussiens qui considéraient que ses méthodes de combat ne correspondaient pas à des méthodes de guerre « loyales ».

Au cours de la bataille de Champigny, voyant qu’il allait être fait prisonnier, il eut la présence d’esprit d’arracher galons et décorations et de se fondre dans la troupe. Malgré les soupçons des Prussiens, il réussit à dissimuler sa véritable identité pendant ses 4 mois de captivité à Cologne en prenant un nom d’emprunt.  Pendant ce temps à Paris, Paris Journal, constatant qu’il ne figurait ni parmi les morts ni parmi les blessés, déclara qu’il n’était qu’un imposteur et était en réalité un espion prussien, nouvelle qui fut bien entendu abondamment reprise par d’autres publications. C’est pendant sa captivité que le sergent HOFF apprit ces calomnies qui l’affectèrent grandement.

À peine libéré, il est incorporé sur le chemin du retour par le général CLINCHAMP pour marcher contre la commune. Au cours des combats il fut grièvement blessé et évacué vers un hôpital militaire. Dès sa sortie de l’hôpital,  il se précipita chez le directeur de Paris-Journal pour demander réparation par les armes. Celui-ci réussit à le persuader que la publication d’un démenti serait plus efficace. Et le jour même une réparation éclatante était publiée dans les feuilles du soir de plusieurs journaux.

Commença alors pour le sergent HOFF une période difficile. Homme simple, d’une grande modestie, il avait refusé d’être promu officier en invoquant le fait qu’il n’avait « pas assez d’éducation ». Il refusa également un grade dans l’armée des Indes offert par les Anglais. Mutilé militaire, gardien au bois de Boulogne puis au square du Trocadéro, il subsistait difficilement avec une maigre pension, souffrant de ses blessures et proche de la misère.

Jules CLARETIE, ému par sa situation, écrivit au président Mac Mahon. Cinq jours plus tard il était nommé gardien de la colonne Vendôme où il resta 5 ans. En 1881 il fut nommé gardien chef de l’Arc de Triomphe, avec grade d’adjudant. Il eut l’honneur d’y accueillir et de veiller le cercueil de Victor Hugo.

Dès lors, jouissant d’une relative aisance, il occupa ses loisirs dans diverses sociétés de tir, à instruire des jeunes gens. Il déposa même un brevet pour améliorer un fusil.

Il mourut le 25 mai 1902, peu avant sa retraite et fut enterré avec les honneurs militaires.

En 1880, alors qu’il était question d’offrir au sergent HOFF une fête et un banquet patriotique, Sadi Carnot écrivait : « La pensée de rendre un public hommage au sergent HOFF, en reconnaissance de sa belle conduite pendant le siège de Paris, mérite d’être encouragée par les patriotes. Nous nous rappelons tous combien le récit de cette campagne héroïque, d’un homme contre une armée, vint alors réconforter nos coeurs. De pareils souvenirs appartiennent à notre trésor national, et doivent y être religieusement conservés, mais chaque occasion de les remettre en lumière doit aussi être saisie avec empressement ».

Mais aujourd’hui, qui se souvient du sergent HOFF?

Au 20ème siècle d’autres guerres, mondiales celles-là, et autrement plus meurtrières, ont révélé de nouveaux héros qui ont remplacé dans notre mémoire collective le brave sergent HOFF.

Une lettre vous est dévoilée ici : http://autographe.com/fiche_produit.php?REFERENCE=18549

©ARTS ET AUTOGRAPHES 2011

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