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Arts & Autographes

Réf : 30176 LITTERATURE

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PAGNOL Marcel [Aubagne, 1895 - Paris, 1974], écrivain et cinéaste français.

Manuscrit autographe signé.

Manuscrit autographe signé. Octobre 1957 ; 2 pages in-4°, avec corrections. Traduction en vers français des Bucoliques de Virgile destinée à paraître dans un ouvrage chez Grasset en 1958. « Virgile — Bucoliques Elle avait pris Daphnis, la mort inexorable. Ruisseaux et coudriers, vous vîtes ces adieux : Serrant son enfant mort sur son cœur misérable Une mère accusait les astres et les Dieux. Nul pâtre n’a conduit, en ces tristes journées Ses bœufs rassasiés aux fontaines du soir... Nulle bête n’a bu les ondes consternées Nulle n’a pu brouter les tendres graminées, Et les monts ont redit le rauque désespoir Des lions : accablés par ce trépas inique Ils ont gémi longtemps sur la rive panique Car ce fut toi, Daphnis, divin adolescent Qui lias à ton char les tigres de l’Asie, Et qui pour célébrer l’ardente Dionysie Fis fleurir la houlette en thyrse arborescent... La vigne est l’ornement de l’arbre qu’elle embrasse La grappe, du sarment, son modeste soutien. Le taureau fait l’honneur des troupeaux de sa race, La moisson est l’orgueil de la campagne grasse Comme tu fus l’honneur et la gloire des tiens... Depuis que les Destins nous ont pris ta présence Apollon et Palès, ces Dieux de notre aisance Ont quitté pour jamais nos champs jadis féconds Dans les sillons où l’orge enflait sa blonde graine, Sur la stérile ivraie, aujourd’hui souveraine La folle avoine vide agite ses flocons. Aux lieux où bleuissait la violette fraîche, Aux lieux où rougissait le narcisse pourpré Le chardon bruissant dresse une griffe rèche, Et l’épineux roncier cache l’herbe du pré. Enfants, jonchez le sol de feuilles funéraires. Puis, en signe de deuil, au-dessus des ruisseaux, Du saule et de l’osier inclinez les arceaux : Tels sont les seuls honneurs qu’il demande à ses frères Puis, élevez un tertre aux bois silencieux Et gravez ces deux vers comme un adieu suprême : “ Je fus Daphnis, connu des forêt jusqu’au cieux... Maitre d’un beau troupeau, mais bien plus beau moi-même.” Ménalque Poète, le plaisir que donne ton poème C’est la douceur d’un long sommeil délicieux Pour ceux que la fatigue étend dans la prairie, Et c’est la volupté d’aspirer à longs traits Quand la chaleur déssèche une lèvre flétrie L’eau vive qui jaillit aux sources des forêts. »