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Arts & Autographes

Réf : 33385 LITTERATURE

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GIRAUDOUX Jean [Bellac, 1882 - Paris, 1944], écrivain et diplomate français.

Manuscrit autographe signé

Manuscrit autographe signé, intitulé « Les confusions de l’Époque. Le seul ennemi. » Sans date ; 3 pages in-4°. Il s’agit d’un texte prophétique dénonçant la politique médicale en France. En quelques pages cinglantes, Giraudoux s’insurge devant l’abandon dont fait preuve le gouvernement. Fort de son prestige politique consacré par le peuple comme le représentant des valeurs morales et intellectuelles de l’esprit français, le Parlement en vient à oublier l’administration proprement dite des villes. Les Français meurent, faute d’une politique médiale concrète, pratique et efficace. « Il n’est aucune nation civilisée où le souci de la vie humaine ne joue dans la politique nationale un rôle aussi accessoire et déconsidéré qu’en France. L’inattention de nos dirigeants civils coûtent autant à la France, chaque année et en pleine paix, que l’impuissance des généraux peut lui avoir coûté en cinq années de guerre […]. La France est le pays d’Europe le plus sain, et elle est aussi celui où l’on peut le plus. Le type français est un des plus vigoureux qui soient, et le français succombe à des maladies rendues inoffensives aux Philippines ou à Panama. La race française est prolifique, et l’excédent des naissances sur les décès est insignifiant ». Les conseils municipaux préfèrent aux parcs pour enfants les cimetières les plus grands du monde ; l’organisation des hôpitaux, l’inaptitude du personnel hospitalier, sont déplorables. Or, tout cela serait aisé à réformer. Mais les politiques préfèrent cultiver « les politiques morales et spirituelles de la France » plutôt que s’occuper des exigences physiques de celle-ci. Les seuls remèdes utilisés sont ceux du «prêtre, la présence et l’extrême onction ». Giraudoux s’étonne de ce nouveau paradoxe : une majorité de médecins constitue le parlement, et cela n’a pas empêché notre pays d’être « au dernier rang en ce qui concerne la santé de ses citoyens et au bord de la catastrophe en ce qui concerne leur nombre » La conclusion de Giraudoux est d’actualité, puisqu’il affirme « le Français devient rare. Cette solitude que nous sentons redoutable, et que nous nous entêtons à croire une solitude internationale, c’est une solitude intérieure, la solitude de nos campagnes désertées, de nos familles dépeuplées, de nos colonies ravagées par le mal du sommeil ; et cette impression presque funèbre que nous donne maintenant l’annonce de toute guerre, qu’elle soit européenne ou africaine, c’est moins l’angoisse au sujet des générations françaises qui survivent que l’appel de celles qui ne naissent pas. »