logo

Arts & Autographes

Réf : 33659 LITTERATURE

1 800 €

Réserver

CREVEL René [Paris, 1900 - id., 1935], écrivain français.

Manuscrit autographe signé

Lettre autographe signée [adressée à Georges Limbour ? ]. Sans date, écrite des Grisons en Suisse ; 4 pages in-4°. « J’ai bien peu fait, bien peu pu faire à Munich. J’ai juste été à Stadelheim […] Le gardien m’a poliment prié de faire une demande de visite au Wittelsbach Palace. Là on aurait fait une enquête sur moi. Or, d’abord je devais partir et aussi, il existe une loi qui veut que quiconque s’est livré à des attaques contre le régime hitlérien dans son propre pays, peut être puni en Allemagne. Je n’ai pas essayé d’aller à Dachau. L’impression de Stadelheim, horrible. C’est une prison située dans un grand jardin. On sonne à la grille. Et la grille s’ouvre comme une grille de château. Le gardien est une sorte de chef de gare suisse, ponctuel, atrocement administratif. J’y étais allé un jour de visite. Les visiteurs qui allaient voir leurs prisonniers faisaient (étaient bien forcés de faire des énormes saluts […]. L’impression à Munich, après l’assassinat de Dolfuss était si lourde. On nichait des communiqués officiels, officiellement mensonges. Pas un journal étranger dans la ville. On respirait la guerre. C’était atroce. Et dans le train, les gens qui, dès la frontière passée, se mettent à parler. Comme je voyageais en seconde jusqu’à certaine station suisse, la découvrait ferme “ le brave petit Dolfuss, etc., etc. Plus tard, en 3ème, les Suissards n’étaient plus si cons. A constater que le sens de classe est une réalité, j’ai la même joie qu’à constater la lumière du soleil, chaque matin. À Stadelheim, je me suis présenté comme grand écrivain français, donneur de conférences à Berlin. J’ai l’impression que si je n’avais pas eu un nom à donner, ça aurait mal marché. D’où ma décision de ne pas aller à Dachau.»