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Arts & Autographes

Réf : 15114 HISTOIRE

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MARCHAND Louis-Joseph-Narcisse, comte [Paris, 1791 - Trouville, 1876], valet de Chambre et exécuteur testamentaire de l’empereur Napoléon 1er.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée aux comte Napoléon, Henry, Arthur et Alphonse Bertrand, fils du Grand Maréchal. Paris, 15 décembre 1844 ; 4 pages in-8°.
Intéressante et longue lettre contre les calomnies lancées contre le Grand Maréchal.
« Je viens de lire avec le plus vif intérêt quelques une des notes laissées par Monsieur le Grand Maréchal contre les calomnies entassées sur lui et sur Madame la Comtesse Bertrand, votre mère dans deux ou trois ouvrages.
Informé de la publication que vous vous proposez d'en faire, je vous prie d'y ajouter, que je n'ai jamais eu connaissance, bien qu'on me le fasse dire, d'aucune discussion religieuse, entre l'Empereur et son Grand Maréchal.
Qu'on le sache bien ; c'est qu'à Ste Hélène, la volonté de l'Empereur était aussi ferme et aussi entière que lorsqu'il était sur le trône et que les sentiments de Monsieur le Comte Bertrand pour lui sont restés jusqu'au dernier moment trop respectueux, trop dévoués, et son admiration un culte trop élevé pour se permettre les inconvenances qu'on lui prête, qui, si elles eussent existées seraient inqualifiables, et n'eussent point été souffertes.
Ainsi que l'expose avec beaucoup de clareté Monsieur le Grand Maréchal, les auteurs de ces ouvrages ont été mal renseignés dans ce qu'ils racontent de son projet de départ de Ste Hélène avec sa famille.
Voici, à cette occasion ce que l'Empereur étant au bain, me fit l'honneur de me dire : c'est moi qui engage Bertrand à accompagner sa femme en Europe, pour mettre ordre à ses affaires, qui, s'il n'y allait pas pourraient bien en souffrir.
Ils n'ont pas été mieux renseignés, lorsqu'ils disent, que l'Empereur ne voulut plus voir Madame la Comtesse Bertrand, parce que son salon, était devenu le rendez-vous des officiers anglais.
Vous pouvez répondre, Messieurs, qu'à l'époque ou les officiers anglais entraient dans Longwood, Madame la Comtesse Bertrand les recevait et venait voir l'Empereur, qui, ne lui en faisant point de reproches, c'était plutôt l'occasion pour sa Majesté d'avoir des nouvelles dont l'entretenait le Grand Maréchal.
Lorsque plus tard, ces mêmes officiers de durent plus entrer dans l'enceinte, l'interdit fut pour Madame la Comtesse Bertrand, comme pour toute la colonie, et comme toute la colonie, elle s'y conforma. Je demanderai à ces auteurs qui déversent avec tant de malignité, leu venin sur Madame la Comtesse Bertrand, et qui paraissent si bien instruits de ce qui se passe à Ste Hélène, comment il se fait qu'à l'époque citée par eux, l'Empereur me demanda une tabatière ornée de son portrait enrichie de diamants, et que la prenant, du plateau de vermeil sur lequel j'avais l'honneur de la lui présenter, il dit à Madame la Comtesse Bertrand en la lui offrant, tenez Madame, je vous la donne dans de bien mauvais jours, elle vous témoignera de mon estime et de mon amitié.
Ceci se passait au billard, un an avant la mort de l'Empereur, et la comtesse remerciait Sa Majesté avec une émotion qui laissait voir combien elle se trouvait honorée de cette distinction.
St Denis attaché au service de l'Empereur, et qui à Ste Hélène était chargé de remettre au net les dictées faites par Sa Majesté, justifiera au besoin de ce que j'avance.
Je n'entreprendrai pas ici une réfutation qui demanderait que ces ouvrages fussent pris feuille par feuille pour rétablir la vérité, presque partout altérée. L'un d'eux intitulé Mes souvenirs sur Napoléon par la veuve du Général Durand, est arrivé à Ste Hélène, il contient beaucoup de notes de la main de l'Empereur. L'auteur déplore aussi la fatale influence de Madame la Comtesse Bertrand dans la détermination prise par Sa Majesté de se confier aux Anglais, et l'on ajoute que Madame Bertrand qui est anglaise d'origine se jeta aux genoux de l'Empereur en le priant, en le pressant de se confier à l'honneur, à la loyauté et à la générosité des Anglais.
Cet ouvrage m'appartient, et je déclare qu'en regard du passage que je viens de citer, j'y vois écrit par l'Empereur, faux.
Je ne doute pas, Messieurs, que le général Comte de Montholon, qui partage à Ham une captivité supportée avec autant de courage que de résignation par le neveu de l'Empereur, ne fasse justice dans la prochaine publication sur Ste Hélène, de productions dont le but évident est de flétrir le noble caractère de l'homme du quel l'Empereur disait à Ste Hélène, Bertrand est un véritable homme d'honneur ».