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Arts & Autographes

Réf : 25828 LITTERATURE

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MONTHERLANT Henry Millon de [Paris, 1895 - id., 1972], écrivain français.

Manuscrit autographe

Manuscrit autographe, « Gide », [août 1927 ?] ; 5 pages in-4°. Brouillon d’un curieux article sur André Gide, à l’occasion du Voyage au Congo. Ce brouillon, dont la plus grande partie est biffée, est écrit au dos de tapuscrits corrigés et d’une lettre de la maison Grasset (26 août 1927). Après quelques ébauches évoquant notamment Gide et Phèdre, Montherlant avoue le peu de sympathie qu’il éprouvait d’abord pour Gide, dont l’idée du « péché » lui semblait ridicule. « Rien n’est si simple et si naturel que toutes les choses de la chair. Tant pis pour l’art, [...] mon instinct me le disait : que dans tout cela il n’y a de prohibition que ce qui cause du tort à ce qu’on aime. La voilà, la santé. Et j'étais agacé de tant de cachotteries, de sous-entendus, d’un tel manque de franchise dans la façon d’aborder ces questions. L’atmosphère de Gide ne m’était pas agréable. Je le trouvais potache. Ce «péché»! Ce « démon » ! Cependant il en vint à estimer Gide pour son attitude intellectuelle et la qualité de son art, et pour deux actes de courage : avoir embrassé publiquement Oscar Wilde sortant de prison, et avoir écrit L'Immoraliste. « Gide a soutenu que l’art avait besoin d’hypocrisie. Ceci, comme tant, doit être vrai, étant bien entendu que le contraire l’est aussi. Car on ferait faire un beau pas à l’art avec le manque total d’hypocrisie. [...] Et quand il n’y aurait eu l’art, il y a la vie, tellement plus importante que l’art, qui a tout à gagner à la franchise. » Aujourd’hui, Voyage au Congo témoigne d’une fraîcheur de désir et d’une vigueur de constitution admirables : « Gide se doit de poursuivre l’œuvre de salubrité morale à laquelle il s’est récemment donné. [...] Plus que dans le domaine purement intellectuel, il me semble qu'il œuvrera précisément dans la vie, dans cette grande œuvre de dégonfler ces fantômes par lesquels les hommes souffrent. »