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Arts & Autographes

Réf : 29755 LITTERATURE

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MÉRIMÉE Prosper [Paris, 1803 - Cannes, 1870], écrivain français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée. Cannes, 11 décembre [1860] « Par un soleil éclatant, toutes les fenêtres ouvertes » ; 4 pages in-8°. « Vous êtes un aimable homme de m’écrire et de me tenir au courant de ce qui se passe à Babylone. J’ai reçu de notre ex-colonel une lettre où il y a moins de philosophie que je n’en aurais si j’étais tombé […] sur plusieurs centaines de mille livres. Mais la façon lui a causé je crois quelque dépit et, d’après ce que j’en puis deviner, il y avait de quoi. Les circulaires de M. de Persigny me font grand plaisir et me paraissent excellentes. Je voudrais pour les rendre encore meilleures qu’il supprimât quelque grand journal et mît à pied quelques préfets des plus bêtes et des plus outrageux. […] Votre histoire de renard, si ce n’est pas un apologue ou un rébus, trop fort pour un Provençal comme moi, et des plus drôles. Je suppose que c’est un renard savant échappé de quelque saltimbanque, ou bien venait-il chasser les restes dans vos parchemins, ou bien est-ce à vos canards qu’il en voulait. J’admets comme seule vraie votre interprétation du voyage. […] Je suis bien aise qu’elle ait vu Madame Victoire. Le printemps dernier, un de nos amis qui demeure place St Georges me tourmenta beaucoup pour que je donnasse à notre maître un petit conseil, dans l’intérêt de son fils, disait-il. Avec lui tout ira bien, mais il lui manque tant de grâce si l’on change tout à coup de régime. Il demandait un peu de liberté de discussion, mais point de liberté de presse. La presse, disait-il, est une coquine qui nous a tous empoisonnés, il faut qu’elle paye ses sottises. Je contai la chose, et on m’écouta avec la plus grande attention, faisant des objections, discutant l’exécution non la théorie même. Gardez cela pour vous, bien entendu. Quelquefois, je lui ai entendu dire des choses d’un libéralisme à faire trembler. Bien que j’augure assez mal des conceptions nouvelles, comme de toutes conceptions, je trouve à celles ci deux avantages : le premier c’est qu’elles ont été spontanées et qu’elles ne laissent supposer aucune faiblesse de la part de celui qui les a faites ; le second, c’est qu’elles peuvent être fort utiles dans la situation actuelle de l’Italie. Sin ce qui est fort probable, Garibaldi fait des siennes au printemps et qu’il y ait guerre avec l’Autriche, il serait difficile au maître seul de ne pas s’en mêler. Si les chambres lui disent que le pays est pénétré de respect pour le Pape et qu’il aime à voir l’Italie libre, mais qu’il aime encore mieux que chacun reste dans sa chaumière, le maître peut sans rien perdre de son prestige laisser les chats se peigner et même dire à votre cousin le général G… de venir ici se reposer de ses circulaires. M. 1/3 a dit assez clairement à M. E... qui est venu me voir ici, qu’il n’était pas éloigné de se porter candidat à la première vacance au Corps législatif. Je ne le crois pas impossible comme ministre un jour, voire avec portefeuille. Je me creuse la tête pour savoir quel effet produira l’éloquence parlementaire en 1861. »