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Arts & Autographes

Réf : 29756 LITTERATURE

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MÉRIMÉE Prosper [Paris, 1803 - Cannes, 1870], écrivain français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée. Cannes, 2 janvier [1861] ; 3 pages 1/2 in-8°. « Je ne connais pas les jambes de Mlle Livry, mais je suis tout disposé à les croire plus fines que celles de votre ambassadrice. Ce qui est fâcheux chez les Allemands c’est qu’ils sont bêtes. L’affaire du comte Teleki n’est au fond que de la bêtise de la part de l’Autriche et de la Saxe, mais c’est avec ces bêtises là qu’on fait des révolutions. Il y a ici un Prince Trouletskoi, mari de la fille de Mlle Taglioni, qui n’est point bossue comme sa mère, mais très jolie et très aimable à ce qu’on dit. Ils demeurent ordinairement à Venise et en content de belles sur les procédés des Autrichiens. Il y a quelques semaines, un bataillon occupe militairement la rue des orfèvres. Des gens de police prennent les livres des marchands, font le compte de doit et d’avoir, trouvent qu’ils doivent avoir tant d’argent et se le font bien livrer laissant en place des reçus d’emprunt national. Une dame est arrêtée parce que son mari a émigré et on met aux orphelins un enfant de trois mois qu’elle nourrissait. Tout cela n’empêche pas que les Autrichiens se frottent les Italiens s’ils attaquent la Vénétie, mais ils mourront à la peine un de ces jours. Je me suis abstenu de croire la moitié de ce qu’on dit ici de Mirès. J’ai lu les journaux anglais qui probablement se font avec les inspirations de Rothschild et qui content des choses fabuleuses et impossibles d’un procès entre Mirès et M. de Pontalba ; mais on m’en dit encore de plus belles. L’Impératrice désolée des désagréments que l’on cause à notre St Père, s’en irait en Égypte. […] J’ai écrit à M. Walewski au sujet de la réorganisation de notre commission, que je regrettais qu’on n’en eut exclu deux membres, et qu’au moment où l’on annonçait pour la tribune et la presse une extension de libertés, il me semblait fâcheux et peu politique de faire une espèce d’armée à deux hommes qui n’avaient nullement démérité de l’archéologie et qui, dans une occasion donnée, auraient pu rendre service à notre petite affaire, comme M. de Sade l’a fait heureusement autrefois. […] Je ne me console pas de n’avoir pas été à Pékin avec notre armée et de n’avoir pas apporté mon allumette dans le palais de S.M. Dites-moi ce qu’il faut entendre par les mutilations que les Chinois ont faits à nos prisonniers ».