logo

Arts & Autographes

Réf : 30584 LITTERATURE

1 500 €

Réserver

LAMENNAIS Félicité Robert de [Saint-Malo, 1782 - Paris, 1854], écrivain et philosophe français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée à Ch. de Coux à Paris. La Chenaie, 10 octobre 1832 ; 2 pages 3/4 in-8°. En 1831, révolté par la condamnation du soulèvement de la Pologne, il s’opposa au pape Grégoire XVI. Il considérait que le pape voulait défendre davantage les princes que le peuple. Le pape condamna son journal en 1832 par l’encyclique Mirari vos. « Dans la sérénité d’un zèle tout catholique (qui le sait le mieux que vous, mon cher ami?) nous avions essayé de défendre l’église dans un de ses plus grands périls où, de l’aveu de tous elle se sait trouvée depuis son origine peut-être. Le souverain pontife a désapprouvé notre action ; nous nous sommes arrêtés ; c’était notre devoir : et autant je me réjouis de la satisfaction que le Saint père a éprouvée de cet acte d’obéissance, autant je suis loin de m’en faire un mérite : nous avons agi en catholiques et voilà tout. Or à présent que le danger parait devenir plus alarmant de jour en jour, et d’heure en heure ; à présent que la haine du catholicisme et la haine de Rome s’accroit incessamment avec une rapidité sans exemple ; à présent que les âmes sont partout pénétrées des prévisions les plus désolantes, des plus sinistres pressentimens, que dirais-je au Saint-père, et quelles paroles lui adresserais-je du fond de mon inconsolable douleur ? La sienne je n’en doute pas est encore plus vive, mon silence doit la respecter. Aux approches des maux qui se préparent, de la tempête qui ébranlera la chrétienté jusqu’en ses fondements je ne désire qu’une chose être oublié dans mon obscure retraite, je ne goute qu’une consolation, celle de prier au pied de la croix. Tels sont mes sentimens, mon cher ami, et je me trompe fort si ce ne sont pas aussi les vôtres ». Mirari Vos est une encyclique écrite par Grégoire XVI le 15 août 1832 dans le but de condamner le libéralisme et l’indifférentisme religieux. Même s’il n’est pas cité, Lamennais, auteur de paroles d’un croyant, et ses thèses libérales sont sévèrement critiqués. Le pape juge sévèrement : • les thèses de restauration ou de régénération de l’Église, comme si elle pouvait être sujette à un quelconque obscurcissement ou d’autres inconvénients du même genre. • la liberté de conscience et la propagation immodérée d’opinions • la liberté de presse lorsqu’elle divulgue des opinions contraires à celles de l’Église, • la séparation de l’Église et de l’État, Il réaffirme : • l’indissolubilité des liens du mariage, • la défense du célibat des prêtres, Nous voulons éclairer votre constance toujours plus, afin que vous vous opposiez à l’immonde conjuration contre le célibat des prêtres, (en latin: « Hic autem vestram volumus excitatam pro religione constantiam adversus foedissimam in clericalem coelibatum coniurationem, ») • la soumission au pouvoir légitime, Il en appelle aux autorités politiques, aux princes chrétiens à soutenir les principes pour le bien de l’Église et de l’État. En même temps son âme vraiment pieuse s’épanchait dans des réflexions mystiques sur l’Imitation de Jésus-Christ, qu’il traduisait ainsi que le Guide spirituel de Louis de Blois. Mais surtout il réunit autour de lui, dans sa solitude de La Chesnaie, tout un groupe de jeunes gens qu’il enflamma de son ardeur vraiment contagieuse : Rohrbacher, Gerbet, Salinis, Montalembert, Lacordaire un moment, de Cazalès, de Coux, de Carné, plus tard Maurice de Guérin, etc. Le séjour qu’ils y firent leur communiqua à tous un enthousiasme qui dura jusqu’à la fin de leur vie, à peu près comme la retraite de Ménilmontant aux saint-simoniens. Aussi dès le lendemain des journées de Juillet, la petite armée était prête à faire campagne, et son chef fonda, outre une Agence générale pour la défense des intérêts catholiques, le journal l’Avenir qui parut du mois d’aoùt 1830 à novembre 1831, avec cette devise : « Dieu et Liberté-».  Lu avec enthousiasme dans les presbytères, il êtait assez mal vu dans les évêchés, et plusieurs prélats crurent devoir l’interdire aux prêtres de leurs diocèses. L’abbé de La Mennais prétendait combattre les libéraux, adversaires du catholicisme, avec leurs propres armes  : comme il avait fait jadis de la raison, « catholicisez-là », disait-il de la liberté. Mais son libéralisme catholique devait plaire encore bien moins à Rome que le rationalisme entendu à sa façon. Aussi, se sentant presque désavoué, il suspendit la publication de son journal, et s’en alla trouver le pape lui-même, avec Montalembert et Lacordaire. On ne leur répondit pas nettement tout d’abord, et ce ne fut qu’après leur départ que fut publiée l’encyclique Mirari vos, le 15 août 1832, contre certaines opinions de l’Avenir, plutôt que contre La Mennais lui-même. Celui-ci affecta d’abord de se soumettre dans deux lettres, du 30 août 1832 et même encore du 11 décembre 1833; Lacordaire aussi fit sa soumission et aussi Montalembert, et même encore celui-ci, le dernier des trois. Mais La Mennais sentait que son esprit ne se soumettait pas, et encore moins son coeur. Sur la fin de février 1834, il remit à Sainte-Beuve, alors un de ses fidèles, un manuscrit pour l’impression : c’étaient les Paroles d’un croyant, que le pape Grégoire XVI condamna dans l’encyclique Singulari nos, du 15 juillet 1834.