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Arts & Autographes

Réf : 33610 HISTOIRE

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MASERS DE LATUDE (Jean Henry, dit Danry, dit) [Montagnac, 1725 - Paris, 1805], aventurier, emprisonné pour ses machinations contre Mme de Pompadour, il passa 35 ans en prison malgré ses spectaculaires évasions.

Lettre autographe signée et memoires

Lettre autographe signée (brouillon), adressée « à Monsieur le President & à Messieurs les representants des peuples de la Chambre des Congrès à Washington ». Paris, 29 août 1804 ; 2 pages in-folio (31,5 x 20 cm). « La renommée ne cessant de publier dans toute l’Europe, vos sublimes vertueux et le bonheur du Grand Peuple qui a mis son sort entre vos mains quel est l’homme au monde, qui par son esprit et ses talents, ne désire point d’être connu et de mériter l’attention, des hommes aussi sages. Je suis Latude, ingénieur : j’ay été enfermé pendant trente cinq années dans les cachots de la Bastille, et le premier qui ait échappé de cette terrible prison, et après le duc de Beaufort, je suis le second prisonnier qui parvins à me sauver deux fois de la Tour de Vincennes. Pendant que je gémissais dans les cachots de ces deux prisons, je fis des observations, sur tous les objets, qui se présenterent à mon imagination et je fixai mon esprit, sur l’objet le plus noble, c’est à dire sur les armées qui décident du sort de toutes les nations. J’observai que jusqu’en 1758 tous les officiers et sergens, de toutes les armées des potentats et des Républiques, n’avaient pour attaquer et se défendre, les officiers que des spontons, et les sergens des hallebardes. dans toutes les batailles, on n’en venait pas toujours à l’arme blanche et que dans ce cas, dans deux armées composées de cent mille hommes chacune, il s’en trouvait vingt mille, qui étaient précisément les plus adroits et les plus courageux qui ne pouvaient atteindre l’ennemi. Bien assuré que l’intention de tous les souverains, était de rendre utiles tous leurs guerriers, je crû devoir composer un mémoire à ce sujet. En 1758, j’étais dans un cachot de la Bastille, avec les fers aux pieds et aux mains, et il m’étais impossible d’obtenir de mes persécuteurs, du papier, de plumes et d’encre, pour venir à bout de faire ce que je désirais, il fallût que je devinsse créateur, pour cet effet, de la mie de mon pain, pêtrie avec ma salive, je fis des tablettes de six pouces carrés, qui me servirent de papier, et de l’arrête triangulaire, que les carpes sont sous le ventre, j’en fis une plume et à defaut d’encre, je me servis de mon sang. Mon memoire fini, je demandé un confesseur, le Gouverneur m’envoya le père Griffet jésuite, qui à ma prière, prit mon projet sous sa protection, depuis ce moment il me fut impossible de revoir ce confesseur. A ma sortie de prison, j’appris que tous les souverains avaient mis mon projet à exécution. Comme ce projet vû son utilité généralement reconnue a sans doute mérité l’approbation de toutes les nations, je m’estimerais heureux, si en voyant des fusils entre les mains de vos officiers et sergens, vous disiez, Messieurs, ce changement d’armes est une production de l’esprit d’un prisonnier, l’infortuné Latude »… On joint un volume « Mémoires de Henri Masers de Latude, ancien ingénieur, prisonnier pendant trente-cinq années à la Bastille et à Vincennes, sous le nom de Daury ; à Charenton sous celui de Danger ; et à Bicêtre, sous celui de Jedor. » Paris, chez Latude, rue de Grenelle, de l’imprimerie de la veuve Lejay. 1793; 20,5 x 13 cm, 2 tomes en un volume in-8, reliure plein maroquin rouge, dentelle dorée sur les plats, dos lisse, titre en lettres dorées. Exemplaire revêtu de la signature de Latude. L’illustration comprend deux portraits gravés au pointillé, celui de Latude gravé par Canu d’après Vestier, et celui de Madame Legros par Clément d’après Pujos. Quelques feuillets uniformément roussis. Première édition sous ce titre des célèbres mémoires de « l’une des plus touchantes victimes du despotisme royal ». La première édition vit le jour en 1791, sous le titre de Despotisme dévoilé ou Mémoires de Latude, publiée par Thierry. Victime de lui-même, Latude a croupi dans les cachots pendant trente-cinq ans pour avoir envoyé, pour se faire remarquer, un colis piégé à la Pompadour, tout en prévenant à l’avance l’entourage de la favorite du complot dont elle allait être la cible. Arrêté, soumis à un interrogatoire en règle, Latude avoua la supercherie. À la faveur de circonstances rocamboles- ques, une mercière de Paris, Madame Legros, fit de la libération de Latude le combat de sa vie jusqu’à obtenir pour ce malheureux l’élargissement définitif.