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Arts & Autographes

Réf : 33644 LITTERATURE

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BATAILLE Henry [Nîmes, 1872 - Rueil-Malmaison, 1922], dramaturge et poète français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, adressée à Louis Madelin. Vaucouleurs, le 13 mai 1934 ; 2 pages in-4°. « J’allais vous écrire pour vous faire part de l’oeuvre que je viens de mettre en route pour en exhumer les ruines du château de Vaucouleurs, qui fut (avec Domrémy pour l’inspiration) le point de départ de l’épopée. Le fait que vous avez écrit de si belles choses sur Jehanne (et d’autres) est que vus êtes né dans la même région que moi, me font espérer que vous me laissez exprimer, cher Maître, à ce double titre toute ma sympathie. […] Je partage votre opinion que la fête de Jehanne d’Arc est mollement célébrée. C’est pour vous dire mon indignation que je vous écris.. À Vancouleurs, — ville Jehannique — tout se borne à une petite procession dans l’église !!! et quelques poteaux à oriflammes provenant du don de 100 000 F alloué par le Gouvernement au Ve centenaire ! C’est lamentable de penser qu’ici on ne la célèbre qu’individuellement. Tant pis pour eux, moi je la célèbre ! Je me suis rendu moi-même, ce matin, dans le clocher de la chapelle du château, et j’ai sonné — tout seul — les trois cloches, à tour de bras, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Et à midi, à la minute où je vous écris, le carillon vole encore, éperdument par dessus la vallée historique. Cette fois, c’est une douzaine d’enfants qui se sont fait une joie de répondre à mon appel. Rien des autorités. Mais j’ai résolu de leur en donner pour leur compte ! Les petites cloches qui martèlent leurs sons aigus au dessus de la plume qui vous écrit, sonneront de 11 h 1/2 à midi sans arrêt ! Le 23 février dernier, jour anniversaire du départ de Jehanne […] je vins m’asseoir sur le banc de pierre d’où l’on contemple l’immense et douce prairie, sous le tilleul cinq fois séculaire, et j’ai contemplé et rêvé. Puis me levant, j’ai gravi l’escalier aux cloches et j’ai sonné le réveil des âmes engourdies, le réveil du grand souvenir, assoupi comme la sève dans l’arbre vieux à l’écorce rigide. Et puis j’ai pris ma plume et j’ai envoyé aux journaux locaux la petite légende donc je vous envoie le texte. »