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Arts & Autographes

Réf : 33776 PEINTURE BEAUX ARTS

1 400 €

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ESTÈVE Maurice [Culan, 1904 - id., 2001], un des peintres majeurs de la nouvelle école de Paris.

Ensemble de 10 lettres et 2 cartes autographes signées.

Très intéressante correspondance échangée avec le critique d’art Georges Boudaille. Ensemble de 10 lettres et 2 cartes autographes signées. 1959-1965 ; formats divers. — Paris, 19 janvier 1959 : « Veuillez m’excuser de mon silence. Depuis longtemps je voulais vous dire que j’avais reçu votre aimable lettre et par ailleurs l’envoi des documents non utilisés, ainsi, bien sûr que le n° de Cimaise. Je suis confus devant ce retard. Mais des traces et soucis divers (dont surtout la santé de ma femme qui va heureusement mieux à présent) ont jeté une certaine perturbation dans ma correspondance. […] Je vous remercie pour votre étude. Non, non, le recul ne lui est point préjudiciable. Bien au contraire : avec le temps, déjà, cela a beaucoup gagné »… — 25 juin 1960 : « J’ai été très touché par ce que vous avez écrit dans “Les Lettres” à propos de mon exposition de dessins. J’aurais voulu vous le dire tout de suite, dès la lecture de votre article, mais une fois de plus, ma santé défaillante m’a interdit ce plaisir. Maintenant qu’à nouveau je me rétablis, je me hâte de vous remercier avant qu’un trop long temps vous fasse croire à de l’indifférence : ce qui serait bien éloigné de la vérité. Vous vous approchez de mes oeuvres avec tant de sympathie, et vous manifestez à leur égard une compréhension que je n’ai guère l’habitude de trouver chez ceux qui ont fonction d’éclairer le public... que je ne sais comment vous en manifester de la reconnaissance. Or puisque vous avez aimé mes dessins, j’ai pensé que je ne saurais mieux exprimer cela qu’en vous offrant l’un de ces fusains... » —7 juillet 1960. « Avant de quitter Paris, ma femme était allée rue François Guibert pour déposer le dessin que je vous avais annoncé. Mais peu sûre du n°1, où elle ne trouva pas de concierge, ni de renseignements précis, elle le rapporta. Notre départ fût précipité, et, dans l’agitation des veilles du départ, je ne trouvai d’autres solution que de déposer chez ma concierge, le paquet qui vous est destiné. […] Vous pouvez passer n’importe quel jour rue Monsieur le Prince (n°4) la concierge est toujours là (surtout l’après-midi) et vous remettra ce dessin »… — 15 septembre 1960 : « Je n’avais rien reçu de vous encore, mais ne vous tourmentez point : je sais ce que sont les bousculades qui précèdent les départs. Les pardons du monde nous sont acquis en ces heures de fièvre. Mais oui, à bientôt le plaisir de vous rencontrer. Retenu ici encore par la santé de ma femme je ferai un retour vraisemblablement tardif à Paris. » — 1960 : Invitation à son exposition de dessins chez Villand et Galanis. — Paris, 18 février 1961 : « Ce printemps affolé, insolent, nous fait gagner (presque) l’été. Ne lui boudons pas ses avances ». Il évoque ensuite ses futures expositions : « D’abord en avril et mai chez Villand et Galanis. Les toiles récentes, puis une exposition itinérante, qui prendra le départ à la Kunsthalle de Bâle en juin, pour gagner ensuite Düsseldorf (juillet-août), Copenhague (sept-octobre) et se terminer enfin à Oslo en novembre-décembre. Ouf ! »… Il ne peut travailler dans les soucis et aspire à retrouver un peu de calme « Faut-il que j’ai peu de talent pour ne pouvoir oeuvrer que dans la solitude et la tranquillité absolue ? … et que de soins, d’attentions et de vigilance pour qu’une toile naisse… » — Nice, 30 octobre 1963 : Il évoque son exposition d’aquarelles chez Villand-Galanis, « Les honneurs sont lourds à porter, et l’excès de décorations peut gêner la marche à pied. […] Je suis plus à l’aise sur les bords et moins ces derniers sont fréquentés, plus grande est ma joie à respirer l’air de la liberté : une liberté qui connaît cependant des frontières puisqu’elle n’ira pas jusqu’à adorer les poubelles du pop-art pour avoir depuis longtemps épuisé les ivresses de ces découvertes, chaque matin, le long des trottoirs parisiens, avant le passage des éboueurs. […] Non, non, cher Boudaille, je ne suis pas un paysagiste “abstrait”. Il se peut que le spectateur (il faudrait inventer un nom particulier pour celui qui regarde… qui boit… qui mange la peinture) retrouve dans l’univers de mes tableaux des formes pour fixer certains aspects de paysages qui encombrent la mémoire »… Cette lettre très longue (3 pages) développe les querelles autour des appellations contrôlées, etc. — Paris, 6 juin 1965. « J’aurai aimé vous écrire plus longuement (il y a des séquelles de malentendus entre nous que j’aimerais liquider, pulvériser, anéantir … Ce sera facile : un petit feu de joie !) Toutes ces réjouissances sont parties remises. Je quitte Paris pour plusieurs mois et je vous écris au milieu des valises. » Il évoque les textes pour ses expositions passés dans “Les lettres”, l’exposition à la galerie Carré, l’affluence de jeunes visiteurs, etc. — Paris, 13 septembre 1965. Il vient de perdre son épouse : « Mais ma perte est trop grande. Je ne puis encore en mesurer l’étendue du vide qui se présente à moi. Voici venue la plus dure épreuve de ma vie, laquelle était aussi la sienne, depuis si longtemps, si longtemps... Bien qu’elle marchait depuis des années au bord de l’abîme, en s’appuyant sur mon bras, je voulais croire au miracle. Vint le cruel démenti »