logo

Arts & Autographes

Réf : 34472 HISTOIRE

1 000 €

Réserver

NAPOLÉON III (Charles Louis Napoléon Bonaparte) [Paris, 1808 - Chislehurst, 1873], empereur des Français.

Lettre autographe signée

Lettre autographe signée, [adressée à son avocat et ami Edmond Blanc]. Lundi, [Fin 1848] ; 4 pages in-8°.
Cette lettre se situe juste avant l'élection présidentielle de 1848 qui vit l'écrasante victoire de Louis Napoléon Bonaparte. Il est probable que cette lettre soit du courant de novembre 1848.
« Voilà un siècle que je ne t'ai écrit : paresse, occupée cependant, voyages, procrastination, désir d'attendre un peu pour te donner de meilleures directions sur notre correspondance anglaise, tout ce que tu voudras enfin, excepté oubli ou refroidissement ; cela dit j'entre en matière. Voilà de nouveau notre pauvre France dans une situation critique, jamais la confusion, le chaos n'ont été aussi complets ; en sortira-t-il cette fois quelque chose d'un peu satisfaisant ? Où est celui qui prononcera le front libre, j'ai bien besoin de croire qu'il est au ciel car certainement il n'est pas sur la terre. Quoiqu'il en soit, les circonstances actuelles sont d'un grand intérêt, et je serai fâché de te voir te décourager, toi ou mon beau père. Vient le moment de faire prendre racine à votre correspondance ? Il faut la reprendre avec activité. De mes lettres trois sur quatre ont été insérées ; des autres, l'une, la seconde sur l'enquête est arrivée trop tard, l'intérêt était déjà ailleurs. Les autres, que je n'ai pas vues, n'ont point été insérées ; je ne sais pas pourquoi. Remets toi vite à l'oeuvre. Quelles sont les intentions de Cavaignac, ira-t-il à la République Rouge où à la Rue de Poitiers ? Peut-il rester au pouvoir ? Quel rôle prépare-t-on à Louis Napoléon ?On ne les connaît guère en présence l'un de l'autre sans que l'un se débarrasse de l'autre. Aurons nous une mauvaise bataille entre les communistes. Quel jeu joue Ledru Rollin, l'empereur Louis Napoléon arrivera-t-il par le désordre et par l'insurrection ; de quels éléments se composent ses 110 000 voix. Quel est l'esprit de l'armée ? La constitution devient de plus en plus une mauvaise plaisanterie. Quel est l'état des provinces. La République me parait à l'agonie, mais elle ne partira pas sans une consultation. Que de choses intéressantes à arriver. Il faut prendre à grands traits ; pas trop de ces dernières de cantine qu'on ne peut comprendre que quand on est Français ou Parisien. Expliquer clairement la situation à un public qui la connaît peu, n'entrer dans les détails ou les anecdotes que quand elles sont frappantes et relatives aux premiers parmi les acteurs qui occupent la scène ; c'étaient les événements ou les considérations propices à faire comprendre où à résumer la situation, pénétrer par une analyse large et claire dans celle des hommes et des partis ; suivant les circonstances prendre la présence epistolaire ou celle du Leading article. Arriver toujours à temps, et penser que tout vieillit vite, qu'un article qui aurait un puissant intérêt aujourd'hui peut n'en avoir plus aucun demain. Quand vous pourrez faire passer votre correspondance par mon intermédiaire elle y gagnera quelque fois, mais il ne faut le faire que quand elle pourra supporter 24 heures de retard. Voilà à peu près mon cher ami, tout ce que j'ai à te dire. Tu sais déjà que ce sont même des nouvelles, que des articles généraux, des considérations, l'esprit du moment, et quand il est possible, un coup d'oeil dans l'avenir, que l'on vous demande ici. Enfin la polémique prise de haut. […] Attendons un succès. À revoir mon cher ami.
Nous sommes de retour de Dublin depuis hier. Nous allons tous bien. Je t'écrirai un autre jour plus longuement mais déjà cette lettre est comme spéciale […]
Tout à toi
N. »